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PROMENADE DANS LES DEUX CANTONS DE DOURDAN.

de haute, moyenne et basse justice, sous le titre de bailliage, ladite terre mouvant et relevant en partie du duc d’Orléans à cause de sa grosse tour de Dourdan.

Sainte-Mesme fut, au commencement du siècle, la demeure paisible et la dernière retraite de l’aimable vieillard qui avait tant affectionné et protégé Dourdan : l’architrésorier Lebrun y mourut, vers la fin de la Restauration, entouré de ses livres qui l’avaient jadis consolé à Grillon, pendant l’orage révolutionnaire. Il avait fait dans la contrée de nombreuses acquisitions territoriales et rendu à la terre de Sainte-Mesme une grande importance. Presque toute la vallée appartenait à M. Lebrun jusqu’au-dessus de Roinville. Dans le partage entre ses enfants, le domaine de Sainte-Mesme échut à madame de Chabrol, qui ne le conserva point.

Le château passa, de M. Dujoncquoy de Ville-Lebrun, qui fit combler une partie des fossés, à madame la générale Dupont, et à MM. de Richemont. Il est aujourd’hui la belle et pittoresque demeure du célèbre romancier Auguste Maquet, qui a tout réparé et disposé en homme dégoût et en artiste. Avenue fermée aux bruits du dehors, grande poterne féodale, édifice de deux époques, façades et hautes cheminées Louis XIII, tourelle d’angle du temps de Louis XI avec magnifique escalier de pierre en spirale, vaste cabinet de travail aux murs tapissés de personnages, aux fenêtres ombragées de saules, au pied baigné par l’eau des douves, parterre dans le goût d’autrefois, formant un contraste savamment ménagé avec le parc solitaire que domine le versant des bois : par son site, son aspect et ses souvenirs, le vieux manoir est, à la fois, un sanctuaire et un cadre pour les études ou les rêveries de l’historien et du poëte.

Continuons notre route vers Dourdan ; mais, auparavant, visitons au-dessus de Sainte-Mesme le hameau de Denisy, qui touche à la forêt et avait peut-être plus d’importance au moyen âge que Sainte-Mesme[1], malgré les ravages du gibier royal ; — plus loin encore, la petite commune de Ponthévrard, qui se rapproche de Saint-Arnoult et du bois du Bréau et dont la vieille église et tout le territoire étaient un des revenus particuliers affectés aux évêques de Chartres. Par bulle du 24 septembre 1162, le pape Alexandre III leur garantissait cette possession de Pons-Ebrardi. La mairie de Ponthévrard, majoria Pontis-Evradi ou Evrardi devait dix-huit septiers de dîme, 38 sols de cens à la Toussaint, la tierce partie de la laine, le champart, menues dîmes, etc., et de plus l’obligation du rachat à chaque changement d’évêque[2]. À deux kilomètres de Ponthévrard,

  1. Désigné dans le pouillé du diocèse au xiiie siècle par ces mots : « Danesi cum capellâ, Denisy avec sa chapelle » comptant 56 feux, revenu estimé à 20 livres de l’époque — collateur : l’abbé de Josaphat — patron : sainte Mesme.

    1503. — Procédures faites aux requêtes du palais par Ferry de Wicardel, seigneur de Lonchêne, etc., contre Claude de Poisieu pour le contraindre à lui faire foi et hommage du fief de Denisy. — Archives de Versailles, E. 740.

  2. Cartul. de N.-D. de Chartres, I, 170 — II, 242-4-6.