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APPENDICE II.

la ferme des Châtelliers rappelle le « castellum » romain que nous avons cité au chapitre des origines de Dourdan, et peut-être le rex Castiliæ de la légende.

Plusieurs chemins pourraient nous ramener de Sainte-Mesme à Dourdan : celui « d’en haut, » côtoyant la lisière des bois et dominant le panorama de la vallée ; celui « du milieu » ou celui « d’en bas. » Sur ce dernier, devenu la grande route, nous rencontrons, en longeant le cours de l’Orge, Ville-Lebrun, l’ancien fief du Jallier, où l’architrésorier a fait élever une manufacture, devenue aujourd’hui l’importante fabrique de MM. Dujoncquoy, dont nous avons parlé ailleurs ; plus loin, Grillon, où nos lecteurs chercheraient en vain dans les prés la joyeuse demeure de Regnard ou la paisible retraite de Lebrun[1] ; en face, la belle propriété de la Garenne appuyée au bois ; sur la rivière, le moulin de Grillon, une petite maison, dernier vestige de la cité ouvrière qui florissait au commencement du siècle, Potelet redevenu une ferme, Dourdan vu en raccourci et fièrement assis en amphithéâtre au milieu de la vallée.

Nous ne rentrons pas encore dans ses murs car notre tournée n’est pas finie. Au carrefour du Puits-des-Champs, une route monte vers le sud-ouest, c’est celle qui doit nous ramener en Beauce.

La route de Garancières, comme l’ancien chemin de Corbreuse et d’Auneau, traverse la forêt de Louye qui couronne tout ce versant de la vallée. Moins étendue que celle de Saint-Arnoult, cette portion de la forêt de Dourdan est plus pittoresque et plus accidentée. La route du Président, celle des Sept-Buttes la coupent en travers. À gauche, un chemin descend vers le vallon solitaire de la vieille abbaye. Au sortir du bois, le grand plateau commence.

Corbreuse est le premier village qui apparaît. Il doit sa fondation ou tout au moins son développement à une donation royale du xiie siècle. Louis le Gros, en 1116, à la prière d’Étienne de Garlande, permit au chapitre de Paris de construire ce village et commit, en même temps, son « prévôt royal de Dourdan » pour désigner aux « pauvres de Corbereuse » les terrains qu’ils pouvaient cultiver dans la terre de l’église de Paris[2]. Au bout de cinq siècles, les doyen, chanoines et chapitre de Paris se sentaient si bien maîtres sur leur terre et seigneurie de Corbreuse, Outrevilliers et la Grange-Paris, qu’ils refusaient au procureur du roi, lors de l’assemblée des coutumes, de reconnaître en aucune façon la juridiction de Dourdan. Se rattachant à la prévôté de Paris et portant ses appels à la barre du chapitre et au Parlement, la paroisse de Corbreuse voulait se soustraire au bailliage, en dépit des lettres patentes

  1. Un vieux mur, une grille, une avenue, la rivière canalisée en cet endroit, voilà tout ce qui reste du château de Grillon. — Voir chapitre XXI.
  2. Archives de l’Empire.