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DOURDAN, DE PHILIPPE-AUGUSTE A PHILIPPE LE BEL.

Mû par un pieux scrupule, le saint monarque, comme nous l’avons déjà indiqué, se préoccupa du retrait des bois de Louye, et au mois d’avril 1255 il fit expédier de Vincennes des lettres de restitution. Il savait, disait-il, la concession faite par son bisaïeul aux Bonshommes de Grandmont de la possession libre et paisible des terres et bois de Louye ; mais son grand-père Philippe et son père Louis, et lui-même, après eux, avaient retenu le bois pendant quelques années. De l’avis des gens de bien, c’est ce bois qu’il venait restituer[1]. Nos bons moines de Louye ne pouvaient manquer de faire écouter leurs légitimes réclamations par le roi justicier dont la France tout entière aimait à redire la paternelle équité.

Dans la liste des mansiones et itinera regum que les savants continuateurs de Dom Bouquet ont insérée dans leur XXIe tome[2], nous avons trouvé la mention d’un voyage que saint Louis fit à Dourdan en décembre 1257. Il venait de Paris, et nous savons qu’en janvier il quitta Dourdan pour Saint-Germain-en-Laye. Le roi ne vint pas à Dourdan seulement avec ses familiers ou une portion de sa cour : il y séjourna avec sa chancellerie, ce qui ne se faisait pas toujours ; de là la difficulté qu’on éprouve à préciser, par les dates locales des actes officiels, les passages et les séjours, souvent très-multipliés pourtant, des souverains dans une résidence. A Dourdan, cette fois-là, dans son château paisible, Louis travailla avec ses conseillers ; il y expédia des affaires, il y fit rédiger, il y signa une longue charte pour la confirmation des possessions et priviléges d’une riche abbaye du Midi, l’abbaye de la Grâce, en Languedoc. Nous avons vu cette charte, elle est signée et datée apud Dordam[3].

Après la mort de sa mère, Louis voulut que Dourdan appartînt à sa femme la reine Marguerite de Provence. Par un acte de juin 1260, il en fait une partie de son douaire. Rappelant que ce douaire primitivement assigné sur la cité du Mans avait déjà été transporté une fois sur celle d’Orléans, il déclare qu’il veut « fere à la devant dicte Reine, pour ses désertes, greigneur grâce et assigner luy ailleurs son devant dict doaire en lieux plus prochains et plus proufitables, è porvooir parce à la pès è au repos de sa vie. » Il échange donc l’ancien douaire contre les villes de Corbeil, Poissy, Meulan, Vernon, Pontoise, Dourdan o les bois è o les autres appartenances, avec la Ferté-Alais, mais sans les fiefs et les aumônes octroyés jusque-là dans toutes ces villes. Réservant, dans l’avenir, le libre exercice de sa charitable dévotion, il ajoute : « è retenons à nous, tant comme nous vivrons, plenière è franche propriété de donner à

  1. Voir Recueil de pièces sur les Moulineaux, publié par M. Moutié, p. 78.
  2. D. Bouquet, XXI, 417 c.
  3. Registre de saint Louis, p. 81, no 2, Bibl. impér., ms. 9653, 5, A. Les continuateurs de D. Bouquet ne savent pas si l’on doit lire Dordam ou Dordain ; c’est, dans tous les cas, la traduction française et le nom vulgaire de Dourdan à cette époque.