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PROMENADE DANS LES DEUX CANTONS DE DOURDAN.

vouloir nier. Ses habitants, qu’on plaint quelquefois, tiennent à leur sol et n’échangeraient pas volontiers, pour l’enceinte étouffée des villes, leur libre et lumineux horizon, immense comme la mer, leur air vif et nourrissant, leur terre féconde qui donne à ceux qui la touchent ce caractère à la fois doux, tenace et robuste qui a bien sa valeur.

De distance en distance, un clocher dont l’isolement grandit les proportions, émerge aux confins du ciel. Il révèle un centre habité mais semble reculer devant le marcheur, car les champs à perte de vue et les routes aux courbes immenses produisent de vrais mirages. Il est rare que quelques bouquets d’arbres et quelques remises n’apparaissent pas à l’horizon, et dans la contrée que nous parcourons ils sont encore assez fréquents. La paroisse de Saint-Escobille nous offre même un bois célèbre au siècle dernier pour avoir servi de repaire aux brigands de la bande d’Orgères. La ferme de Saint-Escobille est le plus beau spécimen peut-être de toute la région comme aménagement agricole, perfectionnement de culture, élève de bestiaux, choix de races et de procédés. Il y avait là encore, au commencement du siècle, un superbe château où habitait le riche intendant des finances sous Louis XVI, M. de Laborde. Le château et la terre de Saint-Escobille avaient été, avant lui, sous Louis XIV, la propriété du chevalier de Passart, le bienfaiteur de l’Hôtel-Dieu de Dourdan ; Le Venier de la Grossetière, issu d’Antoine Le Venier, doge de Venise au xive siècle, avait acheté, au xvie, la seigneurie de Saint-Escobille de Gabriel de la Vallée. Les hameaux d’Aubray, Paponville et le Bréau-Dame-Marie, en dépendaient. Quant à Guillerville, il appartenait à l’abbaye de Morigny. — De vastes carrières, où nos pères ont puisé pendant des siècles le calcaire de Beauce, forment à Saint-Escobille comme des catacombes où la tradition place le rendez-vous des premiers chrétiens.

Plus au sud encore est la paroisse de Mérobert, qui touche à un territoire accidenté et au vallon de Châlo-Saint-Mard. Mérobert, du bailliage d’Étampes, avait anciennement pour seigneurs les de la Vallée, et reconnaissait, au xviie siècle, messire Jean de Sève, président en la Cour des Aydes, avec droit de justice mouvante en plein fief de celui de Malicorne assis à Boutervilliers.

Authon-la-Plaine est placé au point de jonction des grandes routes qui amenaient jadis et amènent encore vers le Hurepoix et Dourdan les produits de la haute Beauce. La tour basse de sa vieille église est comme une sorte de borne milliaire. Une portion de la paroisse, du côté d’Étampes, était tenue en censive du roi, qui avait droit de péage, et elle répondait devant le prévôt d’Étampes. L’autre portion, avec le Grand et le Petit Plessis, le Grand et le Petit Sainville, appartenait, comme Sonchamp, à l’abbé de Saint-Benoît sur Loire, avec tous les droits de justice et le titre de bailliage et châtellenie. La grande abbaye avait toujours cherché à s’affranchir de toute juridiction et de toute servitude,