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CHAPITRE VI.

rois de France. Cherchons à retracer en quelques lignes l’histoire de cette période lamentable.

Dès 1421, confisquant en droit les terres du duc de Bourgogne, son sujet rebelle, le dauphin Charles avait disposé de Dourdan et d’Étampes en faveur de Richard, duc de Bretagne ; dans la suite, étant roi, il avait confirmé cette donation (1425). Quand, après la mort de Richard, sa veuve Marguerite d’Orléans fit valoir les droits de François son jeune fils, Charles VII les confirma une seconde fois (1442). C’est ce nouvel acte de la munificence royale qui précipita tout.

Marguerite ayant demandé à la cour entérinement de cette dernière donation, deux oppositions puissantes s’élevèrent à la fois ; deux hommes réclamèrent Dourdan : l’un, le duc de Bourgogne, comme garant de son cousin Jean de Nevers, allégua les droits de ses pères et les siens en vertu de la succession du duc de Berry ; l’autre, le procureur général du parlement, remontant plus haut, soutint que, Dourdan avec Étampes n’ayant été donné autrefois par Philippe le Bel à Louis d’Évreux que pour sa postérité directe bientôt éteinte, ses descendants n’avaient pu en disposer pour des collatéraux, et que Dourdan en conséquence avait dû et devait de plein droit revenir à la couronne.

C’était un procès en forme ; les parties furent appelées à produire leurs titres ; en attendant Dourdan était saisi au nom du roi. C’était l’année 1446 : la saisie dura trente ans. On se figure aisément ce que cet état de choses anormal dut amener de souffrances et d’inquiétudes pour la ville, d’embarras dans son administration. Une pièce curieuse, transcrite aux comptes du domaine pour l’année 1450, nous initie à tous ces malaises. C’est une requête présentée au parlement par « le commis à la recepte ordinaire de la ville et chastellenie de Dourdan, Denis Basclac. » Le suppliant expose son embarras pour la reddition de ses comptes, la distribution des deniers de sa recette, le paiement des frais de justice, des gages des officiers, « les réparations nécessaires à faire tant au chastel seigneurial dudit lieu de Dourdan, comme aux assignez entre les fiefs et aumônes d’iceluy lieu. » Il demande humblement qu’on commette quelqu’un pour apurer ses comptes « afin qu’il scache comment il se aura à gouverner pour le temps à venir. » — Le parlement fait droit à sa requête, et on le renvoie aux deux commissaires déjà chargés de l’administration du domaine d’Étampes : car au bas de la requête est écrit : « Committuntur commissarii alias dati in comitatu Stampensi. Actum in parlamento 23 septemb. 1453. Signé Chourteau[1]. »

Ce sont ces commissaires qui, en l’année 1471, réduisent la rente de quatre muids de blé froment qu’avait droit de prendre à Dourdan pour ses lépreux le prieur du Grand-Beaulieu de Chartres, à deux muids

  1. De Lescornay, p. 144.