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LES COUTUMES DE DOURDAN.

son œuvre ; mais les deux parties furent renvoyées à la cour de parlement le lendemain des Roys.

Rejetant tour à tour les prétentions des chanoines du chapitre de Paris, seigneurs de Corbreuse, qui voulaient se rattacher à la prévôté de Paris, les réclamations de Chatignonville, du Val Saint-Germain, du Marais, Bandeville, Roinville et Villeneuve, qui revendiquaient le ressort de Montfort ou celui de Montlhéry, le procureur fit valoir les droits de Dourdan sur ces villages, qui « avoient voulu se distraire à l’appétie de leurs seigneurs et esgarer les droicts du roy. »

Personne n’élevant plus la voix, acte fut donné des protestations, et la rédaction des Coutumes commença. Les trois États prêtèrent serment « de rapporter, en leurs consciences et loyautez, les coustumes anciennes qu’il avoient veu garder audict bailliage, et aussi dire ce qui est subject à réformation, correction ou modération, pour le bien, proufit et utilité du pays. » Rousselet donna lecture des cent cinquante-un articles présentés par les officiers royaux comme composant la coutume de Dourdan, et le procès-verbal de la séance nous a conservé les amendements ou additions à bon nombre d’entre eux, de l’avis des trois États. Le droit coutumier était devenu droit écrit. En ordonnant que « lesdites coustumes seroient entretenues, gardées et observées pour loy, » la commission royale y attachait la sanction pénale, et, revêtue du seing et des armes des magistrats qui avaient accompli leur tâche, la Coutume de Dourdan était portée à Paris, à côté des autres coutumes du royaume, dans le grand arsenal juridique d’où sont sortis les codes de notre législation moderne.

Outre l’insertion qui fut faite de la Coutume de Dourdan dans le Coutumier général, une édition spéciale en fut donnée par Jacques Boudet, avocat au parlement et seigneur du fief de Leschanson, sis à Dourdan, en un petit volume in-8 de 51 pages, sous le titre de Covstvmes dv bailliaige et chastellenie de Dovrdan, à Paris, « pour Galiot du Pré, libraire iuré de l’Vniversité, au premier pillier de la grand salle du Palais, 1559. » L’éditeur dédie son livre à « monseigneur messire Gilles le Maistre, premier président en la court de parlement, » et, dans une emphatique préface, il l’assure de la reconnaissance des habitants de Dourdan, qui « sous sa faveur se sentent délivrez des troubles, esquelz Licurge ancien législateur des Lacédémoniens a quelquefois mis sa république, pour avoir deffendu de ne rediger par escrit les coustumes sous lesquelles il commendoit de vivre. »