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CHAPITRE IX

DOURDAN SOUS LES GUISES
1559-1588.


Le duc de Guise choisit Dourdan pour un des quartiers généraux de sa maison, et c’est là qu’il fit établir ses écuries. Elles furent installées dans le château[1]. Le souvenir d’un des officiers de cette écurie a été longtemps en grand honneur à Dourdan, à cause d’un fait insignifiant en apparence, qui a été le point de départ d’une industrie précieuse pour la ville et toute la contrée. Cet officier, s’amusant à voir travailler un jeune garçon qui fabriquait des bonnets de laine, suivant l’usage très-répandu dans le pays, fut frappé de son adresse et lui suggéra l’idée de faire un bas. Comme modèle, il lui donna un de ses vieux bas de soie, et ne fut pas médiocrement surpris quand le jeune homme lui rendit un bas d’estame fait en perfection. L’apprenti devint l’instituteur de ses compagnons, et tous les ouvriers de la ville se mirent à faire des bas. Les villages voisins, dont le tricot de laine était la principale occupation, ne tardèrent pas à suivre leur exemple, et cette fabrication se répandit en Beauce à dix lieues à la ronde. Quelques années

  1. Il en existait encore une partie, en 1597, au rez-de-chaussée du bâtiment de droite qui avait vue sur la rue de Chartres et aboutissait à la grosse tour : « Au dessoubz des chambres haultes sont les écuries garniz de leurs posteaulx, rastelliers et mangeoires, en longueur de trois espasses, estans lesdicts posteaulx espassiez de cinq piedz loing l’ung de l’aultre, partie carrelées de pavé de dix-huit piedz de long et de six piedz de large, et l’aultre partie de sollives couchées estre terre où marchent les chevaulx ; estans lesdictes escuries de vingt-deux piedz de longueur. » (Archives de l’Empire Q. 1514. — Procès-verbal de visitation fait pour M. de Sancy.)