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CHRONIQUE

de joyeux auspices, et fut accompagné de succès.

Alexis, empereur des Grecs, pria les Français et les Vénitiens qui hivernaient avec lui à Constantinople de sortir de la ville, à cause du mécontentement des Grecs. Ils y consentirent sur-le-champ, et établirent un camp de l’autre côté de la ville. Mais l’empereur, séduit par les conseils de son père et par ceux des Grecs, changea de disposition à leur égard, et se prépara à brûler la flotte qui l’avait amené au trône. Mais par la grâce de Dieu, ses efforts demeurèrent sans succès. Ensuite les Grecs, ayant pris en haine leur empereur Alexis, s’en créèrent un autre ; et l’empereur Alexis, n’ayant d’espoir qu’aux Français, envoya vers eux son familier Morgoulfe 11 avec beaucoup de promesses. Morgoulfe jura de la part de l’empereur qu’il leur livrerait, comme garantie du traité, le palais de Blaquernes. jusqu’à ce qu’il eût entièrement accompli tout ce qu’il avait promis. Mais Boniface, marquis de Montferrat, et les Français, s’étant avancés pour recevoir le palais, ils se trouvèrent joués. Pendant ce temps, Morgoulfe avait révélé aux Grecs le secret de la reddition du palais, et, par haine pour Alexis, il fut aussitôt créé le troisième empereur. Attaquant bientôt Alexis, son seigneur, il le fit étrangler pendant qu’il dormait, et tua Nicolas, qu’on avait aussi élu empereur. Sur ces entrefaites, mourut Cursat, père de l’empereur Alexis. Ensuite Morgoulfe s’étant déclaré l’ennemi des Français et des Vénitiens, ceux-ci prirent la ville de Constantinople, et le tuèrent. L’empereur Alexis étant mort, ainsi que les usurpateurs, les Français, par le conseil du


11. Murzuphle.