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CHRONIQUE

tant plus de mal que c’était avec plus de secret. Elle avait surtout éclaté avec plus de force dans la terre du comte de Toulouse et des princes voisins, où, professant hautement leur erreur, ces hérétiques rejetaient la suprématie et les décisions de l’Église de Rome, évitaient la fréquentation des Chrétiens soumis à la communion, disant qu’aucun de ceux qui y sont soumis, ou qui y croient, ne peut être sauvé ; niaient ou pervertissaient tous les articles de la foi, blasphémaient contre toute religion, tout culte et tout ordre religieux, et contre la piété de l’Église catholique condamnaient tout le genre humain, excepté eux seuls et leurs conventicules, et tournaient en dérision l’Église des Catholiques. C’est pourquoi, par le conseil du pape Innocent, on envoya en ce pays l’abbé de Cîteaux et d’autres abbés du même ordre, à peu près au nombre de treize. C’étaient tous hommes éprouvés, instruits dans la sagesse et la faconde, prêts à satisfaire tous ceux qui le demanderaient sur les vérités de la foi, pour lesquelles ils ne craignaient pas même de sacrifier leur vie. Étant donc sortis de Cîteaux au mois de mai, ils descendirent la Saône, gagnèrent le Rhône à peu de frais, sans nuls chevaux, afin de se montrer partout hommes évangéliques. Arrivés au but de leur voyage, ils se partagèrent par deux ou trois, et parcoururent ce pays, attaquant les ennemis de la foi par les traits de la saine doctrine. A peine cependant, parmi beaucoup de milliers d’hommes, en trouvèrent-ils un petit nombre observateurs de la véritable foi. Les autres dont le nombre était infini, tenaient avec tant d’opiniâtreté à leur erreur, qu’ils ne consentaient pas à