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DE GUILLAUME DE NANGIS

entendre les leçons de la vérité mais que, comme de sourds aspics, ils bouchaient leurs oreilles à la voix des savans enchanteurs, de peur que la vérité n’arrivât jusqu’à leurs esprits obscurcis de ténèbres. Pendant trois mois donc, accablés de beaucoup de fatigue et assaillis d’embûches, dans les villes, les villages et les châteaux, ils convertirent un petit nombre de gens, et instruisirent et confirmèrent dans leur foi le peu de fidèles qu’ils trouvèrent. Avec eux était le vénérable Elidac 12, évêque d’Osma, ville d’Espagne, qui, s’efforçait aussi de gagner des ames à Dieu, fournissait amplement sur ses revenus une abondante nourriture aux prédicateurs de la parole de Dieu.

Comme en Angleterre, après la mort d’Hubert, archevêque de Cantorbéry, on avait élu, par un choix unanime, Étienne, supérieur de Cantorbéry, Jean, roi d’Angleterre, voulant et ne pouvant en établir un autre sur le siège, fut saisi d’une telle colère qu’il chassa le chapitre de Cantorbéry, et confisqua ses revenus ecclésiastiques. C’est pourquoi le pape Innocent sacra archevêque le susdit Étienne, prètre-cardinal de Saint-Chrysogone, qui, excommuniant le roi à cause de l’expulsion des chanoines et de la confiscation de leurs biens, jeta un interdit sur l’Angleterre.


[1208]

Le moine Pierre de Castelnau, envoyé en qualité de légat par le pape Innocent dans la terre des Albigeois, excommunia le comte de Toulouse. Alors le comte, promettant de faire pénitence de ses péchés, l’appela au village de Saint-Gilles ; cependant il ne voulut point faire satisfaction, et le menaça publiquement de la mort. Le légat s’étant donc retiré,


12. Diégo de Azches