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CHRONIQUE

deux serviteurs du comte se joignirent à lui, et logèrent pareillement dans la même hôtellerie. Le matin étant venu, Pierre, après avoir célébré la messe, sortit de l’hôtellerie mais comme il était arrivé sur les bords du Rhône, un de ces deux serviteurs le frappa d’une lance entre les côtes. Le légat regardant celui qui le frappait, répéta souvent cette parole « Que Dieu te pardonne, et je te pardonne. » Ayant peu de temps après cessé de vivre, il fut enterré avec honneur dans l’église de Saint-Gilles.

Au moment où, tous les troubles assoupis, Philippe, roi des Romains, jouissait tranquillement de l’empire, il fut tué par le landgrave duc de Thuringe, qui avait, dit-on, conçu de la haine contre lui, parce que Philippe lui avait retiré sa fille, qu’il avait promis de lui donner en mariage. Ce meurtre accabla sa femme, fille de feu Cursat, empereur des Grecs, d’une grande douleur, dont elle mourut peu de temps après. Othon fils du duc de Saxe, neveu de Jean, roi d’Angleterre, fut revêtu, par l’habileté et le pouvoir du pape Innocent, de la dignité impériale.

Le pape Innocent envoya en France Galon, diacre-cardinal de Sainte-Marie-de-Port, homme habile dans la jurisprudence, distingué par de bonnes mœurs, et très-soigneux à visiter les églises, pour mander et ordonner au roi de France, Philippe, et à tous les princes du royaume, de se montrer hommes catholiques en attaquant avec une forte armée la terre des Toulousains, des Albigeois et, des Narbonnais, d’en extirper tous les hérétiques qui s’en étaient emparés, leur assurant que, si par hasard ils mouraient dans le chemin ou dans la guerre entreprise contre les héré-