les chevaliers et leurs suivans laissés à la garde des villes, tuaient les uns, et en défiguraient un grand nombre, en leur coupant les oreilles, le nez, la lèvre supérieure, et leur faisant subir d’autres cruautés. Ils tuèrent un abbé de l’ordre de Cîteaux, qu’ils rencontrèrent voyageant avec sa suite, blessèrent un moine, et, le croyant mort, le laissèrent sur la route. Gérard de Pépieux, homme très-puissant de ce pays, étant venu avec une multitude d’hommes d’armes à une ville qui tenait pour le parti catholique, et ne pouvant s’emparer de six chevaliers, d’un prêtre et de cinquante serviteurs qui y étaient renfermés, il s’engagea par serment, s’ils se rendaient, à les conduire tranquillement jusqu’à Carcassonne. Les assiégés s’étant rendus, comme ils furent arrivés à la propre maison de Gérard sans soupçonner aucune trahison, ils furent aussitôt dépouillés et plongés dans une prison. Les chevaliers, le prêtre et les autres, ayant été tirés de la prison, Gérard les fit placer sur du feu entretenu par de la paille et beaucoup de bois, tandis que ses ministres criaient et blasphémaient en ces termes la sainte Marie, mère de Dieu « Ah ! coquine de sainte Marie ! » Quoique liés à ce feu, ils demeurèrent cependant trois jours sans être brûlés. Après avoir fait subir aux chevaliers divers supplices pour les forcer à renier le Christ et la foi catholique, comme ils persévéraient cependant dans leur foi, ils leur crevèrent les yeux avec leurs propres pouces, et leur coupèrent les oreilles, le nez et la lèvre supérieure. Un d’entre eux, glorieux martyr, succomba à ces tourmens ; les autres survécurent. Le comte de Foix, rompant l’alliance qu’il avait conclue avec les catholiques,
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