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DE GUILLAUME DE NANGIS

abandonna son fils unique, qu’il avait donné pour otage, et retourna à son vomissement, préférant la perversité hérétique à la foi catholique. Dans la suite, il causa aux nôtres beaucoup de chagrins.


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Les grands et les évêques de la Franee entreprirent de nouveau une célèbre expédition contre les Albigeois. Ils rassemblèrent donc une armée, s’avancèrent vers la ville de Minerve, l’assiégèrent et la prirent. On permit à ceux des assiégés qui voulurent abjurer l’hérésie, de se retirer en liberté ; mais on en trouva environ cent quatre-vingts qui aimèrent mieux se laisser brûler que d’abjurer l’hérésie. Ensuite on assiégea Termes, château très-fortifié. Là, un arbalétrier, ayant frappé d’un trait, sur la croix qu’il avait sur l’épaule, un pèlerin qui portait des branchages pour combler les fosses, le trait rebroussa comme s’il eût frappé sur une pierre. De tous côtés, tous accoururent, et furent saisis d’admiration lorsqu’ils trouvèrent vivant celui qu’ils croyaient mort, car le coup l’avait renversé mais on ne trouva aucune déchirure sur son vêtement, ni aucune blessure sur son corps. Les assiégés, fatigués enfin d’un long siège, s’étant enfuis dans la nuit, furent arrêtés par nos gardes, qui en égorgèrent tant qu’ils en trouvèrent.

A Paris, quatorze hommes, dont quelques-uns étaient prêtres, furent convaincus d’hérésie. Dix d’entre eux furent livrés aux flammes, et quatre furent renfermés. Entre autres choses qu’ils enseignaient impudemment, ils prétendaient que le pouvoir du Père avait duré tant, que la loi de Moïse avait été en vigueur, et que, comme il a été écrit que les anciens cèderaient la place aux nouveaux venus après l’arrivée du Christ,