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CHRONIQUE

tous les mystères de l’ancien Testament avaient été abolis, et la nouvelle loi avait été en vigueur jusqu’à ce temps, c’est-à-dire celui où ils prêchaient ces doctrines. Ils disaient que cette époque était la fin des mystères du nouveau Testament, que le temps du Saint-Esprit était arrivé, et que la confession, le baptême, l’eucharistie et les autres sacremens, sans lesquels il n’y a point de salut, ne seraient plus d’usage désormais ; mais que chacun pouvait être sauvé s’il était inspiré par la seule grâce intérieure du Saint-Esprit, sans aucun acte extérieur. Ils étendaient si loin le pouvoir de la charité, qu’ils disaient qu’une action qui autrement aurait été un péché, ne l’était pas si elle était faite dans l’esprit de charité ; c’est pourquoi ils se livraient, au nom de la charité, aux fornications, aux adultères et aux autres plaisirs des sens. Ils promettaient l’impunité aux femmes avec lesquelles ils péchaient, et aux simples qu’ils trompaient, et leur prêchaient Dieu comme bon seulement, et non comme juste.

Henri, empereur des Grecs, ayant rassemblé une armée, parcourut la Grèce, soumit ce qui lui résistait, pacifia ce qui lui était soumis, et étendit de tous côtés les bornes de sa domination. Othon, empereur des Romains, selon le projet qu’il en avait conçu depuis long-temps, s’empara des châteaux et forteresses appartenant à l’Église romaine, prit Montefiascone et presque toute la Romanie ; de là, passant dans la Pouille, il attaqua la terre de Frédéric, roi de Sicile, fils de l’empereur Henri, et prit un grand nombre de villes et de châteaux du fief de l’Église romaine. Des messagers ayant été envoyés de part et