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DE GUILLAUME DE NANGIS

sentement du pape Grégoire, firent sacrer empereur pour sa vie, Jean autrefois roi de Jérusalem, et marièrent Marie sa fille, au jeune Baudouin héritier de l’Empire. Jean, accueilli avec honneur à Constantinople, soumit autant qu’il put les ennemis de l’Empire, et, défendant fidèlement son gendre Baudouin, le fit enfin élever avec sa femme à la dignité impériale pour gouverner sous lui.


[1235]

Il y eut en France, et surtout dans l’Aquitaine, une très-grande famine, au point que les hommes mangeaient les herbes des champs comme des animaux. Le boisseau de blé, valait cent sols dans le Poitou, où un grand nombre de gens périrent de faim ou furent consumés par le feu sacré.


[1236]

Le Vieux de la Montagne, roi des Arsacides, envoya en France des messagers arsacides avec l’ordre de tuer le roi de France Louis. Mais, pendant leur voyage, Dieu changea son cœur, lui inspira des pensées de paix et non de meurtre. C’est pourquoi, après les premiers messages, il en envoya d’autres, le plus vite qu’il fut possible, pour mander au roi saint Louis qu’il se méfiât des premiers. Le roi depuis ce temps fit garder sa personne avec plus de soin, et par le moyen des seconds messagers découvrit les premiers. Le roi saint Louis, joyeux qu’ils eussent été reconnus, les honora tous par des présens, et les chargea d’un grand nombre de dons précieux pour leur roi en signe de paix et d’amitié. Ce méchant et cruel roi demeurait sur les confins d’Antioche et de Damas, dans des châteaux très-fortifiés et bâtis sur des montagnes. Il était fort redouté des princes chrétiens et sarrasins, tant voisins qu’éloignés, parce