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Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/161

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CHRONIQUE

que souvent il les faisait tuer indifféremment par ses envoyés. Il faisait élever dans ses palais quelques enfans de sa terre. Là on leur apprenait toutes les langues, et on leur enseignait à craindre leur seigneur par-dessus tout, et à lui obéir jusqu’à la mort, afin d’obtenir ainsi les joies du paradis. Quiconque périssait dans un acte d’obéissance, était honoré comme un ange, par les gens de la terre des Arsacides. Soumis ainsi à leur roi, ils faisaient périr beaucoup de princes sans aucune crainte de s’exposer à la mort.


[1237]

Un grand nombre de barons et autres du royaume de France, qui avaient pris la croix à la suite des prédications des frères Prêcheurs et des frères Mineurs, se mirent en route pour Jérusalem, ayant à leur tête Thibaut, roi de Navarre et comte de Champagne. Lorsqu’ils furent arrivés au-delà de la mer, Pierre, comte de Bretagne, peu soucieux de leur commune entreprise, alla piller quelque autre terre. Comme il réussit dans son expédition, Amauri, comte de Montfort, Henri, comte de Bar, et d’autres fameux chevaliers, excités par la cupidité, tentèrent, sans égards aux intérêts communs, d’en faire autant que lui. Après avoir chevauché pendant toute la nuit, ils arrivèrent le matin dans des lieux sablonneux, près de Gaza. Épuisés de fatigue, ils furent pris, et presque tous livrés à la mort par les habitans de Gaza, que des espions avaient instruits d’avance de leur arrivée. On ne revit plus jamais dans la suite le comte de Bar, qui fut pris ou tué dans cette occasion.


[1238]

Saint Louis, roi de France, fit chevalier, à Compiègne, le plus âgé de ses frères, que, peu de temps auparavant, il avait fait unir en légitime ma-