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CHRONIQUE

lennelle députation pour annoncer mensongèrement qu’à la tête d’une armée brillante et zélée, il allait marcher vers l’Afrique, et étendre sur les Barbares le bras de sa puissance pour le service de Dieu et de l’Église et l’exaltation de la foi catholique. Les Hannibaldi, issus d’une haute famille de Romains, ayant appris la mort du pape Nicolas, rassemblèrent leur parti, et, malgré les Ursins, obtinrent dans la ville un pouvoir égal a leur sur le Capitole et les remparts de Rome placés sous la garde des vicaires qu’avait établis ledit pape Nicolas, en sorte qu’un traité ayant été conclu entre eux, on établit dans le Capitole, pour remplir les fonctions de sénateur, un homme du parti des Hannibaldi, et un autre du parti des Ursins. Sous leur gouvernement, il se commit dans la ville ou dans son territoire un grand nombre de meurtres, et il éclata plusieurs dissensions et beaucoup d’autres troubles qui demeurèrent impunis.


[1281]

Le pape Martin, élu sénateur à vie, établit en son lieu Charles, roi de Sicile, prit dans sa maison et sa suite des chevaliers, qu’il chargea du gouvernement du patrimoine de saint Pierre, et les envoya en Romagne avec environ huit cents Français stipendiés contre Gui, comte de Montefeltro, qui retenait dans ce pays le territoire de l’Église romaine, dont il s’était emparé. Dans Civita Vecchia il s’éleva une grande dissension entre les citoyens et les gens de Charles, roi de Sicile, au point que les habitant s’écriaient : « Mort aux Français. » L’auteur de ces troubles fut Jamier, commandant de la ville, qui favorisait les citoyens. Mais les Français, courant aux armes, tuèrent