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DE GUILLAUME DE NANGIS

clergé de l’église Saint-Martin de Tours et les bourgeois de la ville.


[1124]

Le pape Calixte étant mort, Honoré II, cent soixante-septième pape, gouverna l’Église de Rome. Foulques, comte d’Anjou, assiégea et prit sur Girard Berlay le château de Montreuil. Baudouin, roi de Jérusalem, fut enveloppé et pris par les Sarrasins ; mais après une longue captivité, il fut pour argent mis en liberté. Henri, empereur des Romains, ayant conçu depuis long-temps en son cœur de la rancune d’esprit contre le roi de France Louis, parce que c’était dans son royaume, à Rheims, que s’était tenu le concile où le pape Calixte l’avait enchaîné du lien de l’anathème, rassembla une nombreuse armée, et se prépara à attaquer la France, dans l’intention de détruire la ville de Rheims ; mais Louis, roi des Français, étant venu à sa rencontre avec une forte armée, l’empereur redouta la valeur des Français et retourna promptement chez lui. Le roi des Français l’ayant appris put à peine s’empêcher, à la seule prière des archevêques, des évêques et des religieux, de dévaster la terre de l’empereur.


[1125]

L’hiver, par une gelée plus rigoureuse qu’à l’ordinaire et par des amas de neige qui tombaient très-souvent, fut excessivement dur et incommode. Un grand nombre d’enfans, de femmes et de pauvres périrent du trop grand froid. Dans beaucoup de rivières les poissons périrent engloutis sous la glace si épaisse et si forte qu’on pouvait faire passer dessus des chariots chargés, et y chevaucher comme sur la terre. Dans le Brabant, d’innombrables anguilles sortant de leurs marais à cause de la glace,