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DE GUILLAUME DE NANGIS

effet, une lettre contenant entre autres choses que le pape Benoît, quoiqu’on ne lui eût fait aucune réquisition à ce sujet, déliait entièrement par prudence de l’excommunication et des sentences d’interdiction lancées contre eux par le pape Boniface, le roi, la reine, leurs enfans, leurs grands, leur royaume et tous leurs adhérens, accordait au roi de France, pour l’aider dans sa guerre, les dîmes ecclésiastiques pour deux ans et les annates pour trois ans, et rétablissait le chancelier de Paris dans son pouvoir accoutumé de licencier les docteurs en droit et en théologie, que s’était réservé le pape Boniface. Le pape Benoît mourut à Pérouse, aux nones de juillet. Comme les cardinaux retardaient l’élection d’un pape, renfermés, selon le règlement de Grégoire, ils se procurèrent cependant des vivres par des artifices très-subtils, et différèrent pendant près d’un an l’élection d’un souverain pontife.

Vers la fête de la Madeleine, après la révolte des gens de Bruges, Philippe, roi de France, marcha pour la troisième fois en Flandre avec ses frères Charles et Louis, et beaucoup d’autres grands, à la tête d’une très-forte armée. Ayant enfin rencontré les Flamands à Mons, dit en Puelle, il campa en cet endroit avec son armée. Le mardi après l’Assomption de la sainte Vierge, comme les nôtres, croyant à une prochaine bataille avec les ennemis, s’étaient dès le matin préparés au combat, voyant ensuite cependant que le temps se prolongeait en pourparlers de paix, et qu’on envoyait souvent de part et d’autre des messagers pour tâcher de conclure un accommodement, ils se reposèrent pour se refaire un peu eux et leurs che-