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DE GUILLAUME DE NANGIS

par la commutation de la substance du pain dans le corps du Christ, supposé présent en son corps qui est en lui la portion d’humanité, mais que cela se pouvait faire aussi par l’adoption de la substance du pain ou panification du Christ ; et il ne croyait pas que le premier mode, tel que le tient l’opinion commune des docteurs, fût un article de foi assez nécessaire et déterminé par l’Église, pour que le second ne pût être adopté par les peuples ; peut-être même, disait ce docteur, cette opinion-ci était-elle plus raisonnable et plus conforme à la réalité du sacrement, en ce qu’elle expliquait mieux les apparences conservées dans les espèces sensibles. D’autres docteurs en théologie soutenaient au contraire que le premier mode de croyance avait été décrété par l’Église comme nécessaire, particulièrement dans la décrétale du pape concernant la suprême Trinité et la foi catbolique, et commençant par ces mots : Firmiter credimus, et que par conséquent l’autre devait être réprouvée comme opposée à la vérité de la foi du sacrement. Cette opinion ayant été soumise à l’examen, comme Jean ne voulut pas la rétracter, mais parut au contraire la soutenir avec plus d’opiniâtreté……. il fut suspendu de ses leçons et prédications par Guillaume, évêque de Paris, d’après les conseils de frère Gilles, archevêque de Bourges, parfait théologien de maître Bertrand de Saint-Denis, docteur d’un mérite éminent de Guillaume, évêque d’Amiens, et des docteurs en droit canon, ainsi que des seigneurs appelés à cet effet ; et un silence perpétuel lui fut imposé à ce sujet, sous peine d’excommunication. En ayant appelé au Siège apostolique, il lui fut donné des auditeurs en cour de Rome ;