Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
258
CHRONIQUE

mais il fut enlevé au monde avant d’avoir terminé son affaire.


[1305]

Philippe, roi de France, pacifia et apaisa, dit-on, vers l’Ascension du Seigneur, une grande dissension élevée entre le duc de Brabant et le comte de Luxembourg, au sujet de la terre de Louvain. Les cardinaux, après avoir différé pendant près d’un an l’élection d’un souverain pontife, élurent enfin, la veille delà Pentecôte, Bertrand, archevêque de Bordeaux, qui fut le deux cent unième pape sous le nom de Clément V. Paix entre le roi de France et les Flamands, il s’éleva à Beauvais, ville de France, entre l’évêque Simon et le peuple de la ville, une si violente dissension, que l’évêque ne pouvait plus entrer en sûreté dans la ville ; c’est pourquoi étant de noble race, il appela à son aide plusieurs nobles et hommes puissans, prit quelques citoyens, et mit le feu au faubourg de la ville. Mais enfin, appelés en présence du roi, les deux partis furent forcés de mettre fin à leurs dissensions, et ne se retirèrent pas impunis, car ils avaient des deux côtés commis de graves excès ; il y eut en France au temps de l’été une très-grande sécheresse. Le jeudi après la fête de saint Matthieu l’apôtre, Louis, fils aîné du roi des Français, prit en mariage, avec une dispense du pape, Marguerite, fille aînée du duc de Bourgogne, son alliée par le sang.

Le dimanche après la Saint-Martin d’hiver, le pape Clément fut consacré à Lyon dans l’église du château royal, appelée l’église de Saint Just, en présence des cardinaux et prélats, et d’une foule de grands, et il revint à sa maison dans la villes portant, selon la coutume, les insignes de son couronnement. Pen-