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DE GUILLAUME DE NANGIS
[1307]

Vers la Pentecôte, le roi de France Philippe se rendit à Poitiers pour avoir une entrevue avec le pape. Il y fut, dit-on, délibéré et statué par lui et les cardinaux sur plusieurs affaires importantes, et notamment sur l’emprisonnement des Templiers, comme le fera voir l’événement qui suivit. Alors le pape manda expressément aux grands-maîtres de l’Hôpital et du Temple, qui étaient dans le pays d’outre-mer, de laisser tout pour venir à Poitiers, dans un espace de temps fixé comparaître en personne devant lui. Le grand-maître du Temple obéit sans délai à cet ordre ; mais le grand-maître de l’Hôpital, arrêté dans son chemin à Rhodes par les Sarrasins qui s’étaient emparés de cette île, ne put venir à l’époque fixée, et s’excusa légitimement par des envoyés. Enfin, au bout de quelques mois, ayant recouvré et reconquis cette île à main armée, il se hâta de se rendre auprès du pape à Poitiers. Bernard de Saint- Denis, fameux docteur en théologie, évêque d’Orléans, mourut, et eut pour successeur maître Raoul, doyen de l’église de ladite ville, et savant en droit. Louis, roi de Navarre, fils aîné du roi de France, ayant appris qu’un certain chevalier, nommé Fortune, à qui il avait confié la garde et le gouvernement de son royaume, s’efforçait par d’astucieux artifices de s’en emparer, et avait beaucoup de complices et adhérens nobles et puissans, notamment le comte de Boulogne, et Gautier de Châtillon, connétable de France, puissant par le nombre de gens qu’il avait à sa suite, partit au mois de juillet pour la Navarre, et, soumettant à main armée ledit Fortune et ses complices, parcourut et pacifia son royaume, et