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DE GUILLAUME DE NANGIS

vivent ainsi, que si, libres de tout frein, elles s’égaraient dans les pompes et les vanités du monde, car parmi elles il y a beaucoup de bonnes et religieuses personnes, et elles s’adonnent en commun à des exercices de piété. On croit cependant que la chose avait été conseillée et même appuyée. Quelques-uns prétendent que les ordres de mendians ne seront mendians que de nom et point réellement, tant que le béguinage demeurera en vigueur. Vers le même temps, sur les confins et dans le comté de Milan, en Italie, s’élevèrent des hérétiques qui causèrent de grands troubles à l’Église de Dieu, tant par leur conduite et leurs œuvres perverses que par leur puissance temporelle c’étaient Matthieu, un des comtes de Milan, Galéas son fils, Marc, Luc, Jean et Etienne. Une inquisition ayant été faite contre eux, ils furent trouvés manifestes hérétiques, et définitivement condamnés comme tels. Ayant reçu souvent des envoyés du Siège apostolique, ils les frappèrent, les emprisonnèrent, déchirèrent leurs lettres ; ils dépouillèrent les églises, enlevèrent ce qu’elles renfermaient, chassèrent de leurs résidences les évêques, les abbés et autres personnes ecclésiastiques, les flagellèrent, les envoyèrent en exil, en tuèrent plusieurs, et brûlèrent les hôpitaux, les églises et autres maisons de piété. Matthieu défendit aux ecclésiastiques les synodes, les conciles, les chapitres, les visites et les prédications il abusa d’un grand nombre de jeunes filles, et, après les avoir flétries, les mit violemment à mort ; il viola beaucoup de nonnes dans des monastères, défendit d’observer l’interdit lancé contre la ville de Milan força les clercs à célébrer solennelle-