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DE GUILLAUME DE NANGIS

du roi Robert, son oncle par sa mère, entra en Lombardie pour secourir les Guelfes contre les Gibelins ; étant arrivé à la ville de Verceil, occupée d’un côté par les Gibelins et de l’autre par les Guelfes, il fut reçu avec joie par ceux-ci et attaqua les Gibelins de toutes ses forces mais comme ils avaient dans la ville une libre entrée et sortie, il remporta contre eux peu ou point d’avantages. C’est pourquoi ayant à ce sujet tenu conseil avec les siens, il sortit de la ville, et, l’assiégeant par derrière, il resserra tellement les Gibelins, qu’ils ne pouvaient sortir de la ville ni faire venir des vivres du dehors ; ce que voyant, les Gibelins envoyèrent vers le commandant de Milan pour lui demander du secours. Le roi Robert résidait avec le pape à Avignon, et lui donnait tant d’occupation à son sujet, que le pape paraissait négliger les autres affaires et même les siennes propres.

Dans la même année, vers la fête de saint Jean-Baptiste, peut-être en punition de nos péchés, il arriva aux Chrétiens en Espagne une funeste calamité. Le jeune roi de Castille, nommé Jean, avait pour oncle et tuteur un homme noble et puissant par son courage éprouvé durant de longues années ; et le jeune roi ayant, par sa bravoure et celle son oncle, attaqué bien des fois et chassé d’une partie de leur pays les Sarrasins du royaume de Grenade, on espérait que sa vaillance soumettrait bientôt aux Chrétiens ce royaume tout entier. Mais Dieu, de la volonté de qui on ne doit point rechercher les motifs, changea la face des affaires ; car ledit Jean, se trouvant avec son oncle à la tête de cinquante mille hommes, tant chevaliers qu’hommes de pied, pour combattre contre