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DE GUILLAUME DE NANGIS

les autres le proclamant publiquement un imposteur ; mais enfin son imposture fut reconnue, et il fut tondu moine de Cluny.


[1140]

En ce temps mourut maître Hugues, chanoine régulier de Saint-Victor à Paris. On construisit dans un endroit appelé Montdieu une maison de serviteurs de Dieu de l’ordre des Chartreux. Le monastère de Sainte-Marie de Froidemont, de l’ordre de Cîteaux, fut fondé dans l’évêché de Beauvais. Henri, frère de Louis, roi de France, se fit moine à Clairvaux, et, peu de temps après, fut élevé à l’évêché de Beauvais. Outre ce Henri, le roi de France eut d’autres frères, Robert, comte de Dreux, et Pierre, seigneur de Courtenai. Le pape Innocent fonda le monastère de Saint-Anastase, martyr ; et y ayant fait construire des demeures pour les moines, il demanda une société de moines et un abbé tirés de Clairvaux. On y envoya, avec une société de moines, Bernard, autrefois vicomte de la ville de Pise, qui dans la suite devint le pape Eugène.

Dans ce temps des hommes célèbres par leur dévotion et leur sagesse faisaient fleurir l’Église française : c’était Milon, évêque des Morins, remarquable par sa vertueuse humilité ; Éloi, évêque d’Arras, fameux par sa libéralité, sa sagesse et sa faconde ; Geoffroi, évêque de Langres ; Hugues, évêque d’Autun ; Goslin, évêque de Soissons ; Geoffroi, évéque de Chartres ; Aubry, archevêque de Bourges, homme savant et célèbre par la sagesse de ses conseils ; Suger, abbé de Saint-Denis en France, homme très-érudit. Parmi eux et beaucoup d’autres hommes remarquables par leur science, brillait éminemment Bernard, abbé de