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CHRONIQUE

Clairvaux, homme de la plus éclatante dévotion, qui fit un grand nombre de miracles, prêcha avec la plus grande ferveur la parole de Dieu, fonda plusieurs monastères et gagna à Dieu beaucoup d’ames ; au point que les maîtres des écoles, accompagnés d’un grand nombre de clercs, accourant en foule des nations lointaines se ranger sous son excellente domination, remplirent la maison d’épreuves de plus de cent novices, et que quarante se firent moines en un our. On voyait aussi fleurir maître Richard, chanoine régulier de Saint-Victor de Paris, qui écrivit, dans différens livres et traités, beaucoup de choses utiles à la sainte Église. Dans ce temps brilla aussi Hugues de Feuillet, moine de Saint-Pierre de Corbeil, qui composa un livre de la prison de l’âme et du corps ; d’autres disent que ce même Hugues fut chanoine régulier dans le territoire d’Amiens.

L’impératrice Mathilde, fille de Henri, roi d’Angleterre, après s’être emparée de la Normandie par le secours de Henri, roi de France (sic), passa en Angleterre, et, combattant contre le roi Étienne, ravagea par différentes guerres ce royaume, qui lui était dû de droit.


[1141]

Dans le même temps maître Pierre Abailard, fameux et très-célèbre dans la dialectique, d’abord marié, ensuite devenu moine de Saint-Denis en France, établi ensuite abbé en Bretagne, où il était né, ayant professé perfidement touchant la foi chrétienne, fut, par les soins de saint Bernard, abbé de Clairvaux, appelé à Sens devant les évêques et un grand nombre de religieux, en présence de Louis, roi des Français. Là, interpellé par eux sur les