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CHRONIQUE

mis de lui donner tout entier le comte qui lui avait été accordé, et d’épouser sa sœur tout cela se fit cependant à l’insu du roi d’Angleterre.

Cette année le roi d’Angleterre ayant rassemblé une grande armée, entra en Ecosse. Après avoir ravagé tout jusqu’au château de Pendebone, appelé le château des Pucelles, il ne put s’avancer plus loin, parce que son armée n’avait pas de vivres. Il retourna jusqu’à une montagne appelée Black-Moor, au pied de laquelle est une abbaye vers laquelle la plus grande partie de l’armée s’étant dirigée, le roi dressa ses tentes à une petite distance ; auprès de lui était la reine qui suivait son seigneur. Le roi licencia son armée, car les Ecossais étant éloignés de quarante-huit milles du lieu où il était, on ne pouvait soupçonner aucun danger. Le seigneur Jean de Bretagne, comte de Richemond, et le seigneur de Sully, envoyés en députation par le roi de France vers le roi d’Angleterre, étaient aussi dans cette abbaye avec une nombreuse suite. Mais voilà que ledit chevalier André de Carlisle manda aux Ecossais de venir, parce qu’ils trouveraient le roi d’Angleterre dénué de troupes. Les Ecossais étant accourus comme des furieux, à travers les forêts, après avoir fait quarante-huit milles dans un jour et une nuit, arrivèrent jusqu’auprès de ladite abbaye où ledit comte de Richemond et le seigneur de Sully prenaient leur repas. A peine voulurent-ils croire ceux qui leur annoncèrent l’arrivée des Ecossais ; prenant les armes, ils voulurent boucher un étroit passage qui fournissait une entrée aux Ecossais ; mais après avoir tué plusieurs Ecossais en cet endroit, ils ne purent résister