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DE GUILLAUME DE NANGIS

inhabile à gouverner le royaume, ils saisirent ce prétexte pour se soulever ; en sorte que, les uns se rangeant du parti du roi, les autres du parti des barons, toute l’Angleterre fut plongée dans les plus grands troubles. Il arriva qu’un chevalier d’Angleterre nommé André de Harcla, désirant plaire au roi d’Angleterre, dressa des embûches au comte de Lancaster dans la ville de Boroughbridge, et le prit en trahison ; ayant tué sur un pont le comte de Hertford, il conduisit prisonniers vers le roi d’Angleterre le comte de Lancaster et beaucoup de nobles barons. Après avoir entendu la messe, s’être confessé dévotement à un prêtre, et avoir reçu le corps du Seigneur, comme c’est, dit-on la coutume en Angleterre, le roi les condamna tous également comme conspirateurs contre leur roi et traîtres envers leur seigneur. Tous les autres ayant été envoyés en différens endroits pour y subir divers supplices, le roi fit, dans l’endroit même où il était, trancher la tête audit comte ; son corps fut enterré dans une abbaye près du lieu où il avait été décollé ; et, comme bien des gens l’affirment, le Seigneur opère aujourd’hui par lui et pour lui beaucoup de miracles sur les malades. Le roi d’Angleterre, en récompense du service que lui avait rendu ledit André de Harcla, qui avait pris ledit comte et les autres, lui donna le comté de Carlisle, qui renferme une ville et plusieurs châteaux forts. Ledit chevalier André, après le supplice du comte de Lancaster, réfléchissant qu’il n’était pas sûr pour lui de demeurer plus long-temps en Angleterre, et qu’il pourrait être protégé par les Ecossais, et, s’alliant avec Robert Bruce, qui tenait pour le parti du roi d’Ecosse, lui pro-