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CHRONIQUE
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L’Église française fut troublée par une dissension qui s’éleva entre le pape Innocent et le roi de France Louis. Aubry, archevêque de Bourges, étant mort, le pape envoya en France Pierre, qu’il consacra pasteur de l’église de ladite ville ; mais, rejeté par le roi Louis, parce qu’il avait été ordonné sans son assentiment, il ne fut pas reçu dans la ville. Le roi Louis avait accordé à l’église de Bourges la liberté d’élire l’évêque qu’elle voudrait, excepté ledit Pierre, et il avait publiquement juré que de son vivant il ne serait pas archevêque. Pierre cependant, ayant été élu, partit pour Rome, et fut consacré par le pape Innocent, qui dit que le roi était un enfant qu’il fallait former et empêcher de s’accoutumer à de telles actions ; et il ajouta qu’il n’y avait pas liberté d’élection quand le prince exceptait quelqu’un, à moins qu’il ne soutînt devant le juge ecclésiastique que celui-ci n’était pas éligible, auquel cas le prince serait entendu comme un autre. Cependant le roi, comme on vient de le dire, refusa l’archevêque à son retour ; mais Thibaut, comte de Champagne, le reçut dans sa terre, dont toutes les églises lui obéirent. Le roi, indigné de cela, appela presque tous ses grands à faire la guerre avec lui au comte Thibaut. Raoul, comte de Vermandois, répudiant sa femme, prit en mariage Pétronille, sœur d’Éléonore, reine de France. C’est pourquoi, d’après les instantes sollicitations de Thibaut, comte de Champagne, Ives, légat de l’Église romaine en France, excommunia le comte Raoul, et suspendit les évêques qui avaient fait ce divorce.

Jean empereur de Constantinople, ayant assiégé pendant quelque temps la ville d’Antioche, fit la paix