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DE GUILLAUME DE NANGIS

articles de la foi, comme il allait répondre selon la loi, épouvanté, il en appela à l’audience du Siège apostolique ; ayant ainsi éludé, il mourut peu de temps après dans son voyage vers l’Église de Rome, à Châlons, dans Saint-Marcel. Il avait fait construire dans l’évêché de Troyes, dans un pré auprès de Nogent-sur-Seine, où il avait coutume de demeurer, un monastère qu’il avait nommé le Paraclet. Il y fit venir, avec quelques nonnes, son ancienne femme, qui s’était faite religieuse à Argenteuil, mais qui avait été évincée du couvent avec plusieurs autres par Suger, abbé de Saint-Denis en France. Elle devint abbesse de ce monastère, après sa mort, et, continuant à prier fidèlement et assidûment pour lui, fit transporter son corps, du lieu où il était mort, audit monastère du Paraclet. On grava cette épitaphe sur son tombeau :

Il suffit d’apprendre que ci-gît Pierre Abailard,

Qui seul connut tout ce qu’on peut savoir.

Roger de Sicile, fils de Robert Guiscard de Normandie, qui possédait la principauté de la Pouille et de la Calabre, excommunié par le pape Innocent, à cause des investitures des églises qu’il avait usurpées, le fit prisonnier dans un combat ; mais ensuite, ayant conclu la paix avec lui, il obtint de lui qu’il le couronnât roi de Sicile. C’était le premier des Normands qui eût possédé le titre de roi. Il s’empara ensuite de presque toute l’Afrique. Etienne, roi des Anglais, fut pris par l’impératrice Mathilde, fille du roi Henri ; mais peu après, s’étant échappé de sa prison, il défendit vigoureusement contre elle son royaume.