Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/394

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
379
DE GUILLAUME DE NANGIS

elle résolut de demeurer quelque temps dans le comté de Ponthieu qui, disait-on, lui avait été assigné pour dot par le roi d’Angleterre. Pendant ce temps le bruit était, dit-on, venu aux oreilles du roi de France que le roi d’Angleterre avait fait tuer dans son royaume tous ceux du royaume de France qui demeuraient en Angleterre, et avait confisqué tous leurs biens. Le roi de France irrité ordonna de saisir tous les Anglais qui demeuraient dans le royaume de France, fit confisquer leurs biens, et les fit renfermer eux-mêmes dans diverses prisons du royaume. Cet ordre fut le même jour, à la même heure, exécuté dans tout le royanme de France c’était le lendemain de l’Assomption de sainte Marie. Les Anglais du royaume de France en furent merveilleusement épouvantés, car ils craignaient que, de même qu’ils avaient tous été pris en un seul jour, en un seul jour de même ils ne fussent tous livrés à la mort, mais Dieu, qui a coutume de changer ce qui est mal en mieux, en ordonna autrement, car le roi ayant appris la fausseté du rapport de la prise et du meurtre des Français en Angleterre, ordonna qu’on mît en liberté les Anglais qu’il avait fait saisir en France. Cependant il confisqua les biens des Anglais qui paraissaient riches, ce qui troubla beaucoup tous les hommes de bien du royaume, car cette action fit peser sur le roi et ses conseillers à cette affaire la honte de l’avoir commise plutôt par une détestable avarice que pour venger une injure du roi.

Cependant la reine d’Angleterre, résolue à s’embarquer pour l’Angleterre, hésitait vraisemblablement sur la manière dont elle pourrait le faire ; car le roi