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DE GUILLAUME DE NANGIS

blaient la paix de toute l’Angleterre ; elle voulait, dit-elle, tâcher de les faire périr, ou du moins, si elle ne le pouvait, les éloigner de la présence du roi, réparer par là les maux qu’ils avaient commis, et remettre le pays dans un état de paix. A la vue de leur seigneur, le fils du roi, la férocité des Anglais fit place à la douceur ils accueillirent avec une grande joie la reine, son fils et ceux qui la soutenaient, et s’empressèrent de faire connaître le plus promptement possible, dans le royaume et au roi, l’arrivée pacifique de la reine sa femme et de son fils, le suppliant de la recevoir, comme il le devait, avec clémence et bonté. Mais le roi d’Angleterre, opiniâtre dans ses mauvaises résolutions, au lieu de la recevoir avec bienveillance, lui manda avec indignation qu’il était mécontent qu’elle eût l’air d’entrer à main armée dans la terre d’Angleterre, soutenant toujours qu’elle était ennemie du royaume et du roi. A ce message, la reine craignit davantage pour elle mais elle rechercha autant qu’elle put, et obtint la faveur des barons et des bonnes villes, surtout de la ville de Londres. Ensuite la reine, espérant pouvoir ramener le coeur du roi à l’amour et à la clémence, se mit en route pour l’aller trouver ; mais le roi, dépravé par les conseils des méchans, comme l’ayant tout à fait en exécration, ne voulut ni la voir ni l’entendre. C’est pourquoi les barons indignés, se joignant au seigneur Jean de Hainaut, marchèrent au combat contre le roi, du côté duquel un grand nombre furent tués entre autres, Hugues le Dépensier, le principal des conseillers du roi, fut pris vivant ; et le roi, fuyant du champ de bataille avec un petit nombre