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DE GUILLAUME DE NANGIS

l’état convenable ; car, disaient ils, l’Empire n’est pas soumis à l’Église, puisque l’Empire existait avant que l’Église possédât quelque domination ou souveraineté. Il ne doit pas être réglé par les lois de l’Église, puisqu’on trouve des empereurs qui ont confirmé l’élection des pontifes souverains et convoqué des synodes auxquels ils accordaient l’autorité de statuer, par le droit de l’Empire, sur des choses qui concernaient la foi. Ainsi, disaient-ils, si pendant quelque temps l’Église a ordonné quelque chose contre l’Empire et ses libertés, c’est une injustice, non conforme au droit, et une malicieuse et perfide usurpation de l’Église sur l’Empire. » Ils assuraient qu’ils voulaient soutenir contre tout homme cette vérité, comme ils l’appelaient, et que même enfin, s’il le fallait, ils supporteraient, pour la défendre, tel supplice, telle mort que ce fût. Cependant le Bavarois n’adopta pas entièrement cette opinion, ou plutôt cette folie ; et même ayant à ce sujet appelé des hommes experts, il la trouva profane et pernicieuse, parce que s’il l’avait adoptée, comme elle était hérétique, il se serait privé lui-même des droits de l’Empire, et par là aurait ouvert au pape une voie pour procéder contre lui. C’est pourquoi on lui conseilla de les punir, puisqu’il apparient à l’empereur, non seulement de défendre la foi catholique et les fidèles, mais même d’extirper l’hérésie. On dit que le Bavarois répondit à ceux qui lui donnaient ce conseil, qu’il était inhumain de punir ou de tuer ceux qui avaient suivi son camp, qui pour lui avaient abandonné leur propre patrie, une heureuse fortune et des honneurs. C’est