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CHRONIQUE

crimes, depuis Cosdroé (Cosroès), roi des Perses : et celle qui nous a délivrés du joug de notre ancienne captivité a été, à cause de nous, emmenée captive et profanée par l’attouchement des mains des Gentils. Les ennemis décapitèrent immédiatement tout ce qu’ils trouvèrent de Templiers et d’Hospitaliers.

Le roi Gui et le grand-maître du Temple furent gardés comme monumens de cette victoire. Renaud, prince d’Antioche, qui avait toujours opprimé les Sarrasins, eut la tête tranchée de la propre main de Saladin. Ainsi les nôtres furent, selon leur mérite, livrés entre les mains des Gentils, et subjugués par les Turcs. En effet, le clergé et le peuple s’étaient plongés dans différens excès de luxure, et tout le pays était souillé de crimes et de désordres. Ceux-là même qui portaient l’habit religieux avaient honteusement dépassé les bornes de la tempérance prescrite par leurs règles ; on en voyait peu dans les monastères ou dans la Sicile qui ne fussent attaqués de la maladie d’avarice ou de luxure.

Saladin, après avoir remporté sur les nôtres cette fameuse victoire, retourna vers le pont de Tibériade, où il fit le partage des dépouilles, dont il fit porter les meilleures à Damas ; ensuite levant les yeux au ciel, il rendit grâces à Dieu de la victoire qu’il avait remportée ; ce qu’il avait coutume de faire en toute circonstance ; et on rapporte entre autres choses qu’il répéta souvent que nos seules iniquités, et non sa puissance lui avaient valu cette victoire. Ensuite étant venu assiéger Accon, appelée aussi Ptolémaïs, cette ville se rendit à lui après deux jours de siège. Il ne fit pas subir à ceux qui voulurent y rester d’ hosti-