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Page:Chronique de Paris, 1er mars 1790 - 31 aout 1790.djvu/85

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EXTRAITS.


Opinion de M. Blin, Député de Nantes, ſur les réclamations adreſſées à l’Aſſemblée nationale par les Députés extraordinaires du Commerce & des Manufactures de France, relativement aux Colonies, in-8o. 39 pag.


Le parti infiniment ſage que l’aſſemblée nationale a pris au ſujet de la traite des negres, où l’ariſtocratieſe flattoit que la conſtitution trouveroit une pierre d’achopement, ne nous permet pas de nous appéſantir ſur cet écrit de M. Blin. Il ſuffira de dire qu’on y retrouve le patriotiſme éclairé qui caractériſe l’auteur. Après avoir montré de quelle reſſource eſt, pour notre agriculture & notre commerce, la poſſeſſion de nos colonies, il réſout les deux principales objections ; ſavoir, celle des frais énormes & de la dette accablante, contractée par l’Europe, pour s’aſſurer les riches productions des colonies, & celle de la diminution de la population, cauſée par l’ardeur dévorante de ces climats, par les naufrages, &c. A la premiere, il répond que l’intérêt de 19 millions ſterling, débourſés annuellement par l’Europe, ſe paie en Europe à des européens : en ſecond lieu, que cette accumulation d’intérêts ſert encor aujourd’hui à ſalarier, à alimenter cette foule innombrable de travailleurs intéreſſés plus ou moins immédiatement au commerce colonial, &c. En réponſe à la ſeconde, il obſerve, d’après les tables comparatives de naiſſance depuis environ cent ans, que la population de l’Europe a augmenté d’une quantité ſensible. Quant au reſte de cet écrit, & particuliérement la queſtion de ſavoir ſi les colonies doivent avoir une conſtitution particuliere, ou être regardées comme nos provinces, & celles du commerce prohibitif, il ſuffira, pour faire l’éloge des principes de l’auteur, de dire que le décret de l’aſſemblée nationale eſt, en grande partie, conforme à celui propoſé par M. Blin.


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VARIÉTÉS.
Aux Auteurs de la Chronique de Paris

Messieurs,

Nous voyons enfin arriver ces jours heureux d’une réforme univerſelle & générale, de tout ce qui nuit & peut nuire, en tous genres. Permettez, qu’à cet occaſion je vous rappelle qu’en 1779 parut un pamphlet plaiſant, intitulé : l’Orme de Saint-Gervais, ou Lettre d’un habitant de la rue du Monceau, à meſſieurs le lieutenant de police, curés & marguilliers de la paroisse de Saint-Gervais de Paris.

L’auteur anonyme, qui eſt de ma connoiſſance y voyoit alors avec peine le portail de cette égliſe, l’un des beaux monumens de la capitale, offuſqué par de hautes maisons, & encore caché aux regards des amateurs par un vieil orme ſans utilité, comme ſans agrémens.

Entr’autres queſtions piquantes, l’auteur demandoit à l’illuſtre magistat, & aux vénérables curé & marguilliers : 1o. par quelle puiſſance l’orme étoit protégé ? s’il étoit un miracle ? 2o. ſi la place qu’il occuppe lui a été concédée par une bulle de notre ſaint-pere le pape, régîſtrée en parlement, les pairs & les chambres aſſemblées, ou par un arrêt du conseil, le roi y ſéant, ou par une lettre de cachet contre ſignée par le ſecrétaire d’état ayant le département de Paris, &c. Enfin l’auteur prouvoit à ces meſſieurs que la Divinité ne pouvoit prendre aucun intérêt à la conſervation de cet arbre hideux, & rabougri,