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Page:Chronique de Paris, 1er mars 1790 - 31 aout 1790.djvu/86

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qui gêne la voie publique, embarraſſe, dans un paſſage très-fréquenté, la marche perpétuelle d’une multitude de voitures, à la porte d’un temple où les carroſſes des bons paroiſſiens s’arrétent pendant l’office divin. L’auteur ne ſignoit pas, diſant que la feue police n’entendoit pas la plaiſanterie, & qu’elle ſe fâchoit très-ſérieusement lorsqu’on oſoit critiquer sa négligence à remplir ſes fonctions. Dans un nouvel ordre de choſes, je m’adreſſe à vous, meſſieurs, pour vous prier de faire en ſorte que la deſtruction de l’orme ſoit décrétée, ordonnée, ſanctionnée & exécutée, nonobſtant toutes oppoſitions, & réclamations.

Comte De Sanois.


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On aſſure que, dans une nombreuſe ſociété qui tient des ſéances régulieres, où toutes les paſſions & les intrigues trouvent un libre exercice, on a propoſé le rappel de M. de Calonne. Cela n’étonne que ceux qui ſavent par quels motifs on affecte de vouloir perſuader l’insuffiſance de M. Necker ; mais les bons citoyens qui ignorent toutes ces intrigues, & qui n’ont aucune raiſon de renoncer tout-à-coup à leur confiance dans l’habileté & la probité de M. Necker, tremblent au ſeul nom de celui qui a ſacrifié la nation à ſes profuſions. Les efforts que l’on fait maintenant, dans un certain parti, pour affoiblir l’opinion publique que M. Necker avoit ſu mériter, nous paroiſſent faciles à expliquer. Les gens à grande prétention & leurs émiſſaires ſe plaignent de l’auſtérité des principes de M. Necker, & font entendre que s’il vouloit faire des ſacrifices à propos, il lui ſeroit facile d’aſſurer le ſuccès de ſes vues ; que, ſans cela, il éprouvera toujours des obſtacles que politiquement il doit chercher à écarter. Ces diſcours ont été répétés, dans pluſieurs occaſions importantes, d’une maniere plus ou moins preſſante, mais toujours par des expreſſions générales. Ces inſinuations sont parvenues fidélement, & n’ont rien produit. On dit que M. Necker ſe perſuade difficilement qu’il y ait beaucoup de gens à vendre ; qu’il ne croit pas que ceux qui ſeroient dans cette diſpofition, fuſſent une acquiſition bien ſûre ; qu’il penſe, au contraire, que, pour quelques individus méseſtimés dont il auroit pu acheter l’influence, il perdroit celle du grand nombre des honnêtes gens qui découvriroient bientôt & condamneroient ce trafic honteux ; car on parvient à tout ſavoir. Quoi qu’il en ſoit, ne ſont-ce pas ces principes qui donnent de l’humeur ? & ne ſeroit-ce pas parce qu’on voit qu’on a employé inutilement jusqu’ici les tracaſſeries & les oppoſitiour forcer ce miniſtre à entrer en compoſition, qu’on en veut abſolument un autre plus complaiſant ? La propoſition du rappel de M. de Calonne donne la clef de toutes les intrigues. Nous demandons ſi l’on peut aſſurer que cette propoſition ſoit ſortie de la bouche d’un homme qui ſe trouve bien de l’économie de M. Necker, & qui n’eſpere rien de l’immoralité de M. de Calonne.


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Il eſt d’uſage, d’après le marché conclu avec les entrepreneurs pour l’arroſement du Boulevard, de ne commencer à l’arroſer que le jour de Pâques ; mais comme la pouſſiere n’a pas permis de ſe prêter à cet arrangement, il y a plus de huit jours qu’elle suffoque & aveugle les paſſans.


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M. d’Epreſménil a donné ſa robe rouge à nettoyer pour aſſiſter à la meſſe rouge, qui ſera célébrée en la grande ſalle du Palais, le lendemain de la Quafimodo, époque à laquelle ce député patriote fixe, quoi qu’on en diſe, la rentrée du parlement de Paris. Il vient auſſi de renvoyer son maitre-d’hôtel, parce qu’il l’a trouvé liant la déclatation des droits de l’homme ſ& du citoyen.


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On ſera peut-être un jour embarraſſé pour entendre ce que ſignifioit le mot mouchard, terme qui déſignoit un des agens de la ténébreuſe police des d’Argenſon., des Sartine, des le Noir, &c. De 1590 à 1600, il s’étoit formé dans le royaume une petite inquiſition, qui avoit ſes familiers, ſes foudres, ses anathêmes, ſes victimes, ſon index, ſes pieges, ſes délateurs. Il y avoit ſur-tout un certain de Mochares ou mouchard, qui ſe rendit fameux par son zele à pourſuivre, à deférer à ce tribunal quiconque oſoit penſer ſans ſa permiſſion ; & ſes recherches, son eſpionnage ſes délations le rendirent ſi odieux à la nation, que ſon nom eſt devenu une mortelle injure, même pour l’eſpece d’hommes la plus vile, & qui a le moins beſoin d’honneur. Du Maſſacre de la Saint-Barthelemi, par M. G. Brizard, 1e partie, pag. 207.

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Arts aux Amateurs de la Philoſophie hermétigue.

Cailleau, libraire, rue Galande, No. 64, eſt poſſeſſeur de ſix exemplaires d’un manuſcrit original, concernant des myſteres de la ſcience, qui avoient été tenus ſecrets juſqu’à préſent. Cet ouvrage eſt enrichi de figures en taille-douce. Prix, 12 liv.

Des myſteres tenus ſecrets juſqu’à préſent ! c’eſt-là, ſans doute, un appât bien ſéduisant, & jamais découverte ne viendroit plus à propos, dans ce moment, que celle de la philoſophie hermétique. Nous ne doutons pas qu’il n’y ait enchere pour ce précieux manuſcrit ; & peut-être, avec le ſecours d’une demi-douzaine d’adeptes, tels que Caglioſtro, le comte de Saint-Germain, Swedembock, Meſmer, Gartner, &tc la France va ſe voir plus d’or qu’il n’en eſt jamais ſorti des mines du Pérou. Amen.


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On a donné hier, au Théâtre de Monſieur, la première repréſentation des Eſclaves par amour.