Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/110

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ceux qui ne me connaissent point de visage, et ne m’ont jamais vu » ; et plus bas : « Si je suis absent de corps, je suis néanmoins avec vous en esprit ». (Col. 2,1, 5) Il savait donc que sa présence était partout chose très importante, et même quand il est absent, il veut se faire passer pour présent. Quand il punit le fornicateur, il veut qu’on se figure qu’il assiste à la sentence : « Pour moi », dit-il, « étant absent de corps, mais présent en esprit, j’ai déjà porté, comme présent, ce jugement contre celui qui a fait une telle action » ; et ailleurs : « Je viendrai à vous et je sonderai non pas le langage, mais la vertu de ces hommes qui sont enflés de vanité » (1Co. 5,3 et III, 19) ; et ailleurs : « Non-seulement quand je suis présent parmi vous, mais surtout quand je suis absent ». (Gal. 3,18)

« Paul, apôtre de Jésus-Christ, par la volonté de Dieu ». Il est bon de dire d’abord quel est le sujet de cette épître. Quel est donc ce sujet ? Nous trouvons la réponse dans l’épître elle-même. C’était par l’intermédiaire des anges que les Colossiens voulaient avoir accès auprès de Dieu. Ils avaient encore plusieurs observances ou judaïques ou païennes que saint Paul veut abolir, et c’est pour cela qu’il dit dès le commencement de sa lettre : « Par la volonté de Dieu ». – « Et Timothée, son frère », dit-il. Ce Timothée était donc aussi un apôtre. Il était vraisemblablement connu des Colossiens. « Aux saints qui sont à Colosse », ville de Phrygie, voisine de Laodicée. Et « aux fidèles, frères en Jésus-Christ ». D’où vient, dit-il, je vous le demande, que vous êtes saint ? D’où vous vient ce nom de fidèle ? N’est-ce pas de ce que vous avez été sanctifié par la mort du Christ ? N’est-ce pas de ce que vous croyez au Christ ? Comment êtes-vous devenu notre frère ? Car ce n’est ni par vos œuvres, ni par vos paroles, ni par une conduite pleine de droiture que vous vous êtes montré fidèle. D’où vient, je vous prie, que tant de mystères vous ont été confiés ? N’est-ce pas à cause du Christ ? – « Que Dieu notre Père vous donne la grâce et la paix ! » D’où vous vient la grâce ? D’où vous vient la paix ? « De Dieu notre Père », dit-il. – Il n’a pas dit de Dieu, le Père du Christ. Je dirai à ceux qui poursuivent l’Esprit-Saint de leurs calomnies : D’où vient que Dieu est devenu le Père de ceux qui étaient des esclaves ? Qui a pu opérer ces merveilles ? Qui vous a rendu saint ? Qui vous a rendu fidèle ? Qui a fait de vous un enfant de Dieu ? Celui qui vous a rendu digne de foi, celui-là a été cause que l’on vous a tout confié.

2. Si nous portons le nom de fidèles, ce n’est pas seulement à cause de notre foi, c’est parce que Dieu nous a confié des mystères qui n’ont pas même été connus des anges avant nous. Mais Paul parle ici sans distinguer. « Nous rendons grâces à Dieu, le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Il a l’air de tout rapporter au Père, pour ne pas les offenser d’abord. « Et nous le prions sans cesse pour vous ». non seulement son action de grâces, mais encore cette oraison perpétuelle montre sa tendresse pour ces hommes qu’il avait toujours devant les yeux sans les avoir vus jamais. « Depuis que nous avons appris quelle est votre foi en Jésus-Christ (4) ». Plus haut il a dit : « Notre-Seigneur » ; ici il dit : « Jésus-Christ ». C’est lui qui est Notre-Seigneur, dit-il ; mais il ne prononce pas le mot « d’esclaves » du Christ ; titre qui est pourtant le symbole de sa bonté pour nous : car c’est lui, dit l’évangéliste, qui délivrera son peuple du péché. (Mat. 1,21) « Depuis que nous avons appris quelle est votre foi en Jésus-Christ et votre charité envers tous les saints ». Il se concilie ses auditeurs et cherche à gagner leur bienveillance. C’est Epaphrodite qui lui a appris ce qu’il dit, et il envoie sa lettre par Tychique, en retenant Epaphrodite auprès de lui. « Et votre charité envers tous les saints ». Non pas envers tel ou tel, mais envers nous aussi. – « Dans l’espérance des biens qui vous sont réservés dans le ciel (5) ». Il est question des biens à venir. C’est un rempart qu’il leur donne contre les tentations, afin qu’ils ne cherchent pas ici-bas le repos et la tranquillité. Il ne fallait pas qu’on pût dire : Et que leur sert leur charité envers les saints, au milieu de leurs angoisses et de leurs douleurs ? Voilà pourquoi il s’écrie : Nous nous réjouissons à la vue des grandes et splendides récompenses que vous vous préparez dans le ciel. « Dans l’espérance des biens qui vous sont réservés », dit-il. C’est une récompense assurée qu’il leur fait entrevoir. « Dont vous avez déjà reçu la connaissance par la parole véritable de l’Évangile (3) ». C’est ici une expression de blâme. Cette parole, ils l’ont observée longtemps