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COMMENTAIRE

SUR L’ÉPÎTRE AUX COLOSSIENS.

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HOMÉLIE PREMIÈRE.

PAUL, APÔTRE DU CHRIST, PAR LA VOLONTÉ DE DIEU, ET TIMOTHÉE SON FRÈRE. – AUX SAINTS ET FIDÈLES FRÈRES EN JÉSUS-CHRIST QUI SONT A COLOSSES. – QUE DIEU VOTRE PÈRE ET JÉSUS-CHRIST NOTRE SEIGNEUR VOUS DONNENT LA GRÂCE ET LA PAIX. (CHAP. 1,1 A 3)
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Analyse.
  1. Date de l’épître aux Colossiens et de certaines épîtres de saint Paul.
  2. Explication des versets 4, 5, 6, 7 et 8 du chapitre I.
  3. Des divers genres d’amitié.
  4. La table des pauvres préférable à celle des riches.
  5. Honte et suites fâcheuses qui s’attachent à l’intempérance.
  6. Avantages de l’aumône.

1. Toutes les épîtres de Paul sont édifiantes ; mais celles qui sont datées de sa prison offrent surtout ce caractère : de ce genre sont les épîtres aux Éphésiens, à Philémon, à Timothée et l’épître actuelle : car cette épître aussi a été écrite, quand Paul était dans les fers, comme l’attestent ces mots : « Ce mystère pour lequel je suis dans les liens, afin que je le découvre aux hommes en la manière que je dois le découvrir ». (Col. 4,3-4) Mais cette épître semble postérieure à l’épître aux Romains. L’épître aux Romains a été écrite quand Paul n’avait pas encore vu Rome. Lorsque celle-ci a été écrite, au contraire, Paul avait vu Rome et touchait au terme de sa prédication. Voici la preuve évidente de ce fait dans son épître à Philémon, il dit : « Quoique je sois déjà vieux » (Phm. 1,9), en le priant pour Onésime. Dans cette épître-ci, c’est Onésime lui-même qu’il envoie, comme il le dit lui-même : « J’envoie aussi Onésime, mon cher et fidèle frère ». (Col. 4,9) Il l’appelle son cher et fidèle frère. Il prend aussi un ton plein de fermeté, en disant dans cette épître : « Demeurez inébranlables, dans l’espérance que vous donne l’Évangile que vous avez entendu et qui a été prêché à toutes les créatures qui sont sous le ciel ». Car la prédication durait déjà depuis un certain temps. C’est ce qui me fait croire aussi que cette épître a précédé l’épître à Timothée, qui a été écrite vers l’époque de sa mort, puisqu’il y est dit : « Quant à moi, je suis comme une victime qui a déjà reçu l’aspersion, pour être sacrifiée ». (2Tim. 4,6) Cette épître est plus ancienne que celle qui est adressée aux Philippiens. Elle semble dater des premières années de sa captivité à Rome. Pourquoi donc est-ce que je dis que ces épîtres offrent plus d’intérêt que les autres ? Parce qu’elles datent de sa captivité. Il fait comme ces héros qui prennent la plume, après avoir déposé le glaive, en se reposant sur leurs trophées. Cette captivité, il le savait bien, était sa gloire. « Le fils que j’ai eu quand j’étais dans les liens », écrit-il à Philémon. (Phm. 1,10) Par ces paroles, il nous engage à nous réjouir au sein même de l’adversité et de la détresse, loin de nous laisser abattre.

Philémon était là parmi eux. Car, en lui écrivant, il dit : « Paul à Archippe, le compagnon de nos combats » (Phm. 1,2) ; et dans l’épître aux Colossiens, on trouve ces mots : « Dites à Archippe » (Col. 4,17) ; cet Archippe était probablement chargé de quelque fonction ecclésiastique. Quant à Paul, il n’avait jamais vu ni les Colossiens, ni les Romains, ni les Hébreux, quand il leur écrivait. C’est un fait auquel il fait allusion en plusieurs endroits. Ici notamment écoutez-le : « Pour tous