Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/152

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HOMÉLIE VIII.


FAITES DONC MOURIR LES MEMBRES TERRESTRES QUI SONT EN VOUS, LA FORNICATION, L’IMPURETÉ, LES ABOMINATIONS, LES MAUVAIS DÉSIRS ET L’AVARICE QUI EST UNE IDOLÂTRIE. TOUT CELA ATTIRE LA COLÈRE DE DIEU SUR SES FILS INCRÉDULES, ET VOUS AVEZ COMMIS QUELQUEFOIS CES CRIMES, QUAND VOUS VIVIEZ AU MILIEU DE CES DÉSORDRES. (III, 5-7 JUSQU’A 15)

Analyse.

  • 1. Il faut déposer le fardeau des mauvais penchants.
  • 2. Jésus-Christ doit être tout pour nous. – La charité est la première des vertus. – Sans la charité les autres vertus sont inutiles.
  • 3. La paix de Dieu est la seule qui soit vraiment solide ; il faut mortifier ses membres, en travaillant pour le ciel.
  • 4. Le mot « membres », dans saint Paul, veut souvent dire « passions ».
  • 5. Quand il faut rendre grâces à Dieu. – Pratiques superstitieuses.
  • 6. L’écriture sainte nous offre une foule d’exemples qui doivent nous exhorter à la résignation.


1. Mon dernier discours, je le sais, a heurté bien des susceptibilités. Mais que faire ? Vous connaissez les préceptes du Seigneur. Ce n’est pas ma faute. Que faire encore une fois ? Ne voyez-vous pas les créanciers jeter dans les fers leurs débiteurs récalcitrants ? Vous venez d’entendre saint Paul s’écrier : « Faites mourir les membres de l’homme terrestre qui est en vous, la fornication, l’impureté, les abominations, les mauvais désirs et l’avarice qui est une idolâtrie ». Qu’y a-t-il de pire que le genre d’avarice qui vous possède ? Mais que dis-je, c’est plus grave encore que de l’avarice ; c’est un usage insensé de l’argent. « L’avarice qui est une idolâtrie ». Voyez-vous où mène cette passion ? Ne vous irritez point de mes paroles. Car je ne voudrais pas me faire gratuitement et de gaîté de cœur des ennemis parmi vous. Mais je voudrais vous rendre vertueux ; je voudrais que vous vous fissiez, par votre vertu, une bonne réputation. Mon langage n’est pas celui d’un maître impérieux ; c’est l’expression de la tristesse et de la douleur. Pardonnez-moi, pardonnez-moi : je ne cherche pas le scandale ; mais je suis forcé de m’expliquer avec vous. Je ne vous parle plus du malheur des pauvres ; je vous parle de votre salut : Malheur, oui malheur à ceux qui auront refusé des aliments au Christ ! Qu’importe même que vous donniez des aliments à un pauvre, si vous vous plongez si avant dans le luxe et dans les délices ? La question n’est pas de savoir si vous donnez beaucoup, mais si vous donnez en proportion de ce que vous avez. La charité qui n’est pas à la hauteur de vos moyens n’est qu’une charité illusoire.
« Faites donc mourir », dit saint Paul, « les membres de l’homme terrestre qui est en vous ». Mais que signifient ces paroles ? N’avez-vous pas dit, ô apôtre, que nous étions ensevelis, circoncis, que nous nous étions dépouillés du corps des péchés que produit la chair ? (Rom. 6,4 ; Col. 2,11 et 3, 9) Que signifient donc maintenant ces paroles : « Faites mourir les membres de l’homme terrestre ? » Parlez donc sérieusement. Avons-nous maintenant des membres terrestres ? Non, il n’y a point contradiction entre les deux textes. Qu’après avoir nettoyé ou plutôt refondu une statue, qu’après lui avoir rendu son éclat primitif, un statuaire dise qu’elle a été dérouillée, il est vrai, mais qu’il faut se livrer à un nouveau travail, pour la dérouiller encore, il n’y aura pas contradiction dans son langage. Ce n’est pas la rouille déjà enlevée, c’est la rouille qui est survenue plus tard qu’il conseille d’enlever. Ainsi l’apôtre ne parle pas de la mortification première, ni des anciennes fornications, mais de celles qui surviennent plus tard. Mais, disent les hérétiques, voilà Paul qui calomnie la création ! N’a-t-il pas dit plus haut : « Pensez aux choses du ciel et non à celles de la terre ? » Et maintenant il vient nous dire : « Faites mourir les membres terrestres qui sont en vous ! » Je réponds que ces mots « les membres terrestres » signifient le péché et ne calomnient en rien la création. Oui, il donne aux péchés le nom de choses terrestres, soit parce qu’ils