Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/153

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sont le fruit des pensées terrestres et qu’ils se commettent sur la terre, soit parce qu’ils montrent l’homme terrestre dans le pécheur. « La fornication, l’impureté », dit-il. Il passe sous silence les habitudes qu’il serait honteux de nommer ; le mot impureté dit tout. « Les abominations, les mauvais désirs », tout est compris dans ces termes généraux ; il y a là toutes les mauvaises passions : la haine, la colère, la sombre envie, et l’avarice qui est une idolâtrie.
« Puisque ce sont ces crimes qui attirent la colère de Dieu sur ses enfants incrédules ». Il a recours à bien des raisonnements pour les détourner du péché. Il leur expose les bienfaits qu’ils ont reçus, les maux de la vie future dont nous avons été délivrés, ce que nous étions alors, ce que nous sommes devenus, comment et pourquoi nous avons été délivrés. Tout cela devrait suffire pour ramener les pécheurs. Mais voici la raison la plus forte, raison terrible à entendre, mais qui est loin d’être inutile à dire : « Ce sont ces crimes qui attirent la colère de Dieu sur ses enfants incrédules ». Il n’a pas dit : « Sur vous » ; il a dit : « Sur ses enfants incrédules ». – « Et vous avez commis vous-mêmes ces actions criminelles, quand vous viviez dans ces désordres ». Éloge implicite ; il veut dire qu’ils n’y vivent plus. Ce langage s’applique au passé. « Maintenant déposez aussi vous-mêmes le fardeau de tous ces péchés ». Il commence, selon son habitude, par un terme général, tous ces péchés ; puis il les détaille : ce sont les mauvaises passions de l’âme. « La colère, l’aigreur, la malice, la médisance ; que les paroles déshonnêtes soient bannies de votre bouche. N’usez point de mensonge les uns envers les autres ». Que les paroles déshonnêtes soient bannies de votre bouche, ajoute-t-il énergiquement, car de telles paroles sont des souillures. « Dépouillez le vieil homme et ses œuvres. Revêtez-vous du nouveau qui se renouvelle en avançant dans la connaissance « de Dieu, étant formé à la ressemblance de Celui qui l’a créé ». Il est bon de rechercher ici pourquoi il désigne sous le nom de membres, d’homme et de corps, la corruption humaine, et pourquoi il désigne encore sous les mêmes noms la vie vertueuse. Si le péché c’est l’homme, pourquoi faire suivre le mot « homme » de ce mot : « Avec ses actes ? » Car il a déjà parlé du vieil homme, en montrant qu’il désigne par là non toutes les œuvres de l’homme, mais le péché. Le libre arbitre en effet est plus important que la substance, et c’est ce libre arbitre plutôt que la substance qui constitue l’homme. Ce n’est pas la substance de l’homme en effet qui précipite l’homme dans la géhenne ou qui le transporte dans le royaume des cieux, c’est le libre arbitre, et ce que nous aimons dans l’homme ce n’est pas l’homme, c’est telle ou telle qualité. Si donc le corps est la substance, et si la substance est irresponsable pour le bien comme pour le mal, comment le corps serait-il le mal ?
2. Mais qu’entend saint Paul par ces mots « Avec ses actes ? » C’est le libre arbitre avec ses œuvres. Il dit a le vieil homme », pour montrer sa laideur, sa difformité, sa faiblesse. Et quand il parle du nouvel homme, il a l’air de nous dire : N’attendez pas qu’il se conduise comme l’autre ; il se conduira tout autrement. L’homme marche, non pas à la vieillesse, mais à une jeunesse plus brillante que la première. Car plus il apprend, plus il profite, plus il croît en vigueur et en force, non seulement à cause de sa jeunesse, mais à cause du modèle sur lequel il se forme. La perfection est une création du Christ. A l’image du Christ, tel est le sens de ces mots : « A l’image de Celui qui l’a créé » ; car le Christ n’est pas mort vieux, et il était d’une beauté indicible.
Dans cette création nouvelle, « il n’y a ni homme, ni femme, ni circoncis, ni incirconcis, ni barbare, ni scythe, ni homme libre ni esclave ; mais Jésus-Christ est tout en tous ». C’est un troisième éloge adressé ici par saint Paul à ce nouvel homme. Il n’y a pour lui ni distinction de race, ni grade, ni distinction d’ancêtres. Rien n’est donné chez lui à l’extérieur ; il n’a pas besoin d’un relief étranger, et tous ces avantages sont des avantages extérieurs. La qualité de circoncis ou d’incirconcis, d’esclave, d’homme libre, de gentil, de juif, tout cela est une affaire de prosélytisme ou de naissance. Si ce sont là vos seuls avantages, vous ne possédez que ce que d’autres possèdent. « Mais Jésus-Christ », dit-il, « est tout en tous ». C’est-à-dire que Jésus-Christ nous tiendra lieu de tout, de dignité et de naissance, c’est-à-dire qu’il sera en nous tous. Peut-être aussi veut-il dire : Vous formez tous le Christ, puisque vous êtes son corps.
« Revêtez-vous donc, comme des élus de