Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/164

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ONT L’ŒIL SUR VOUS, COMME SI VOUS NE PENSIEZ QU’A PLAIRE AUX HOMMES ; MAIS AVEC SIMPLICITÉ DE CŒUR ET CRAINTE DE DIEU. FAITES DE BON CŒUR TOUT CE QUE VOUS FEREZ, COMME LE FAISANT POUR DIEU ET NON POUR LES HOMMES. SACHEZ QUE C’EST DU SEIGNEUR QUE VOUS RECEVREZ L’HÉRITAGE DU CIEL POUR RÉCOMPENSE ; C’EST LE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST QUE VOUS DEVEZ SERVIR. MAIS CELUI QUI AGIT INJUSTEMENT RECEVRA LE SALAIRE DE SON INJUSTICE, ET DIEU NE FAIT POINT ACCEPTION DE PERSONNE. VOUS, MAÎTRES, RENDEZ A VOS SERVITEURS CE QUE L’ÉQUITÉ ET LA JUSTICE DEMANDENT DE VOUS, SACHANT QUE VOUS AVEZ AUSSI BIEN QU’EUX UN MAÎTRE QUI EST DANS LE CIEL. (III, 18 ; IV, 1-4)

Analyse.


  • 1. Devoirs réciproques des maris et des femmes, des parents et des enfants, des maîtres et des serviteurs.
  • 2. Suite des devoirs réciproques. – Comment il faut prier.
  • 3. Prière d’un saint.
  • 4. La prison de Socrate et celle de Paul. – Paul est bien supérieur à Socrate. – Les parures mondaines sont des chaînes ; les chaînes de Paul sont une parure. – La plus belle parure, c’est la vertu. – Influence de l’éducation et de l’exemple.


1. Pourquoi l’apôtre ne fait-il point partout et dans toutes ses épîtres les recommandations qu’il fait ici ? Pourquoi ne trouvons-nous ces préceptes de saint Paul que dans cette épître, dans l’épître aux Éphésiens, dans les épîtres à Timothée et à Tite ? C’est que, dans les villes d’Éphèse et de Colosses, probablement les familles étaient divisées ; c’est que le mal était surtout chez elles dans ces discordes auxquelles il fallait remédier au moyen de la parole. Peut-être encore ce sont là des préceptes généraux. Cette épître offre du reste, et surtout dans ce passage, de grands points de ressemblance avec l’épître aux Éphésiens. Il n’en est pas de même des autres épîtres ; soit que, dans ces autres épîtres, il s’adresse à des villes pacifiques et à des hommes qui avaient besoin d’entendre de plus hautes leçons, soit que ces hommes, ayant déjà été consolés dans leurs tentations, n’aient plus besoin de ces préceptes domestiques. Cela me fait conjecturer que, dans ces villes, l’Église était solidement établie, et que saint Paul a gardé ces préceptes pour la fin. « Femmes, soyez soumises à vos maris, comme c’est raisonnable, en ce qui est selon Dieu ». C’est-à-dire, soyez soumises à vos maris, pour obéir à Dieu ; car cette soumission est votre parure. Il ne s’agit point en effet ici de cette soumission que l’on doit à un maître. Il ne s’agit pas seulement d’une soumission commandée par la nature, mais d’une soumission agréable à Dieu. « Maris, aimez vos femmes, et ne les traitez point avec rigueur ». Voyez comme les devoirs réciproques sont ici bien marqués. Il place de part et d’autre l’amour à côté de la crainte ; car celui qui aime pourrait, malgré cela, se montrer acerbe. Voici donc ce qu’il veut dire : Qu’il ne s’élève point de contestations entre vous ; car il n’y a rien de plus amer que ces contestations qui ont lieu entre mari et femme. Il n’y a rien de plus aigre que ces disputes qui surgissent entre personnes qui s’aiment. Car cette révolte du corps contre ses propres membres est la preuve d’une grande animosité.
Aimer est le devoir de l’homme ; obéir est celui de la femme. Si chacun met du sien, l’union entre les deux époux est ferme et stable. La tendresse du mari fait naître dans le cœur de la femme la sympathie et l’amour ; la soumission de la femme fait de l’homme un mari doux et clément. Et remarquez que la nature aussi a fait l’homme pour la tendresse, la femme pour la soumission. Quand l’être qui commande aime l’être qui obéit, tout va bien. Et le sentiment de la tendresse est plus impérieusement exigé de celui qui commande que de celui qui obéit. Car, à ce dernier, ce que l’on demande surtout, c’est la soumission. Cette beauté qui est l’apanage de la femme, ces désirs naturels à l’homme ne montrent qu’une chose ; c’est que tout cela est arrangé pour inspirer à l’homme l’attachement. N’abusez donc pas, ô maris, de la soumission de vos femmes pour vous montrer insolents ; et vous, femmes, ne vous montrez pas vaines de l’amour de vos maris. Que la tendresse de l’homme ne soit point pour la femme un sujet d’orgueil ; que la soumission de la femme ne soit point pour l’homme un motif de vanité. Si Dieu veut que la femme vous soit soumise, ô homme, c’est pour que vous l’aimiez davantage ; si Dieu veut que l’homme vous aime, ô femme, c’est pour alléger