Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/165

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votre joug. Ce joug, ne le craignez pas ; être soumis à celui qui vous aime est une situation qui n’a rien de pénible. Et vous, homme, ne craignez pas d’aimer ; votre femme vous est soumise. La nature vous a donné une autorité nécessaire ; joignez-y le lien de la tendresse qui fait pardonner aux faibles.
« Enfants, obéissez en tout à vos pères et à vos mères ; car cela est agréable au Seigneur ». – « Cela est agréable au Seigneur », dit-il encore ici ; pour insister sur cette loi de l’obéissance, pour rendre les enfants respectueux et soumis. « Car cela est agréable au Seigneur ». Voyons comment saint Paul nous recommande de suivre toujours non seulement l’ordre de la nature, mais les préceptes de Dieu, si nous voulons être récompensés. « Pères, n’irritez point vos enfants, de peur qu’ils ne tombent dans l’abattement ». Voilà encore ici la soumission et la tendresse. L’apôtre n’a pas dit : « Aimez vos enfants » ; la recommandation serait inutile ; car la nature nous y force. Mais il rectifie le sentiment de l’amour paternel, en indiquant qu’il doit être d’autant plus vit que la soumission de l’enfant est plus grande. Nulle part il n’emploie, quand il s’agit de tendresse, l’exemple des maris et des femmes comme terme de comparaison. Quoi d’étonnant ? Écoutez ces paroles du Prophète : Comme un père qui a eu pitié de ses enfants, le Seigneur a eu pitié de ceux qui le craignent. (Ps. 13,13) Et Jésus-Christ dit aussi : « Quel est celui d’entre vous qui donnerait une pierre à son fils, quand son fils lui demande du pain ? Quel est celui a d’entre vous qui lui donnerait un serpent, quand il lui demande du poisson ? » (Mt. 7,9) – « Pères, n’irritez point vos enfants, de peur qu’ils ne tombent dans l’abattement ». Il s’est exprimé de la manière la plus propre à faire impression sur eux ; c’est un ordre aimable où il ne fait pas intervenir Dieu pour les émouvoir, il en appelle à leur affection : « N’irritez point vos enfants », c’est-à-dire, ne les aigrissez pas ; il y a des cas où vous devez leur faire des concessions. Il passe ensuite à un troisième commandement : « Serviteurs, obéissez à vos maîtres selon la chair ». Il y a aussi place pour l’affection entre le serviteur et le maître. Mais ce n’est plus l’affection qui résulte des liens naturels ; c’est une affection qui résulte des bons rapports entre celui qui commande et celui qui sert. Mais, comme dans une pareille situation c’est l’obéissance qui a la plus large part, c’est aussi sur l’obéissance qu’il insiste et qu’il appuie pour en faire jaillir ce sentiment que la nature fait éclore dans la famille. Aussi n’est-ce pas seulement la cause des maîtres, c’est celle des serviteurs eux-mêmes qu’il plaide auprès des serviteurs. Il veut qu’ils se rendent agréables à leurs maîtres ; mais il ne le dit pas explicitement, pour ne pas les humilier. « Obéissez », leur dit-il, « à vos maîtres selon la chair ».
2. Voyez comme il a soin de faire ressortir ces titres d’épouse, de fils, de serviteur, parce que ces titres leur marquent les devoirs qu’ils ont à remplir et leur commandent la soumission. Mais, pour ne pas humilier les esclaves il ajoute : « A vos maîtres selon la chair ». Ce qu’il y a de meilleur en vous, leur dit-il, votre âme, est libre ; votre esclavage n’aura qu’un temps. Soumettez donc votre corps à vos maîtres ; vous sentirez moins votre chaîne. « Ne les servant pas seulement lorsqu’ils ont l’œil sur vous, comme si vous ne pensiez qu’à plaire aux hommes ». Faites en sorte, dit-il, que cet esclavage qui vous est imposé parla loi, vous soit imposé parla crainte du Christ. Car si, loin des yeux du maître, vous remplissez envers lui tous vos devoirs, c’est l’œil vigilant de Dieu qui vous y oblige. « Ne les servant pas seulement lorsqu’ils ont l’œil sur vous, comme si vous ne pensiez qu’à plaire aux hommes » ; car cette pensée est une pensée pernicieuse. Écoutez le Prophète : « Dieu a dispersé les os de ceux qui songent à plaire aux hommes ». (Ps. 52,6) Voyez comme il les ménage, tout en leur donnant des règles de conduite. « Mais avec simplicité de cœur et crainte de Dieu ». Une conduite toute contraire n’est plus simplicité de cour ; ce n’est qu’hypocrisie et dissimulation ; le serviteur alors pense tout autrement qu’il n’agit ; quand son maître n’est plus là, le serviteur n’est plus le même. Et saint Paul ne dit pas seulement « avec simplicité de cœur », il ajoute « et crainte de Dieu ». Car la crainte de Dieu consiste à ne rien faire de mal, lors même que personne ne nous voit. Voyez-vous la règle de conduite qu’il leur donne ? « Quoi que vous fassiez », dit-il, « faites-le de bon cœur, faites-le pour Dieu et non pour les hommes ». C’est qu’il veut les