Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/167

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dans notre bouche ; remplissez-nous de votre force et de la crainte de Dieu ; vous qui avez sacrifié pour nous votre Fils : unique ; et qui avez envoyé votre Saint-Esprit pour la rémission de nos péchés, pardonnez-nous nos fautes volontaires ou involontaires, souvenez-vous de tous ceux qui invoquent votre nom avec la parole de la vérité, souvenez-vous de ceux qui nous veulent du bien ou du mal, car nous sommes tous des hommes.
Puis, après avoir adressé à Dieu la prière des fidèles, peur couronner l’œuvre, et afin de prier pour tout le monde, il s’arrêtait. Car Dieu nous a fait beaucoup de bien, même malgré nous ; il nous en a fait davantage encore, à notre insu. Car, lorsqu’il fait tout le contraire de ce que nous lui demandons, c’est évidemment parce qu’il nous fait du bien à notre insu. « Priez aussi pour nous ». Quelle humilité ! il les fait passer avant lui. « Afin que Dieu nous ouvre une entrée pour aborder le mystère du Christ ». Une entrée, c’est-à-dire la liberté de parler. Ah ! le courageux athlète ne leur demandait pas de prier Dieu pour qu’il fût délivré de ses liens ; mais, quand il était chargé de liens, il demandait aux autres de prier Dieu de lui accorder une faveur précieuse, la liberté de parler et de parler un sujet bien grand, à raison de la personne et de la matière, la liberté de parler « sur le mystère du Christ ». C’est là le plus cher de tous ses vœux. « Ce mystère pour lequel je suis dans les liens ».
« Et afin que je le découvre aux hommes en la a manière que je dois lé découvrir ». En toute assurance, en toute liberté et sans réticence, veut-il dire. Eh quoi ! Paul, tu es dans les liens et tu t’ériges en consolateur ? – Oui sans doute ; mes liens même rendent ma parole plus libre. Mais je demande à Dieu son secours. N’ai-je pas entendu dire au Christ : « Quand on vous livrera entre leurs mains, ne vous inquiétez pas de savoir comment vous leur parlerez et ce que vous leur direz ». (Mt. 10,19) Et remarquez cette image : « Une entrée pour aborder le mystère ». Voyez ce style sans faste et l’humilité du captif. Il voudrait amollir les âmes, mais il ne le dit pas, il demande seulement la liberté de parler en toute assurance. Ce qu’il en dit est pure modestie, c’est de l’humilité. Car cette liberté, il l’avait ; mais il veut la tenir de Dieu une seconde fois. Il montre dans cette épître, pourquoi le Christ n’était pas venu plus tôt, en appelant une ombre tout, ce qui l’avait précédé, ombre de la vérité dont le Christ est le corps. (Col. 2,17) Les hommes devaient d’abord s’accoutumer à l’ombre. Il leur donne en même temps une preuve éclatante de sa tendresse pour eux. C’est pour vous faire écouter la parole de Jésus-Christ que je suis chargé de liens, dit-il. Le voilà encore qui parle de ses liens, et c’est ce qui me fait aimer Paul, c’est ce qui éveille en sa faveur toutes mes sympathies. Ah ! que j’aurais voulu le voir ce saint captif, lorsque dans sa prison il écrivait, il prêchait, il baptisait, il catéchisait. Quelle que fût l’affaire qui s’agitât au sein de l’Église, c’était à Paul, dans les liens, qu’on en référait ; dans les liens, il possédait au plus haut degré le pouvoir d’édifier tout le monde. C’était alors qu’il était plus libre que jamais. « Afin qu’un plus grand nombre de mes frères, s’appuyant sur mes liens, osent prêcher hardiment et dans l’effusion de leurs cœurs la parole de Dieu ». (Phil. 1,14) Il proclame cette même vérité en ces termes : « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort ». (2Cor. 12,10) Voilà pourquoi il disait encore : « Maison n’enchaîne pas la parole de Dieu ». (2Tim. 2,9)
Il était chargé de chaînes avec des malfaiteurs, des scélérats, des homicides, ce docteur universel. Celui qui est monté au troisième ciel, celui qui a entendu retentir à son oreille des paroles mystérieuses et ineffables était chargé de liens. Mais alors même sa course était plus rapide. Mais celui qui était chargé de liens était libre, et celui qui était libre était le prisonnier. Le premier faisait ce qu’il voulait ; le second ne pouvait ni lui faire obstacle, ni accomplir ses desseins. Que fais-tu, stupide geôlier ? C’est à un athlète spirituel que tuas affaire. La carrière où il dispute le prix n’est pas de ce monde. Il est au ciel, et l’athlète qui court dans la lice du ciel ne peut être ni enchaîné ni retenu par les liens terrestres. Ne vois-tu pas ce soleil ? Tâche d’enchaîner ses rayons et de l’arrêter dans sa course ; tes efforts seront inutiles. Comment donc pourrais-tu arrêter Paul ? C’est un ministre de la providence divine bien plus grand que le soleil ; car il apporte cette vraie lumière qui n’a rien de matériel. Où sont-ils ceux qui ne veulent rien souffrir pour le Christ ? Que dis-je, souffrir ! Ils ne veulent même pas sacrifier