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COMMENTAIRE
SUR LA PREMIÈRE LETTRE AUX THESSALONICIENS.



AVERTISSEMENT POUR LES DEUX ÉPÎTRES.

Ces homélies furent prononcées à Constantinople, ainsi que l’orateur lui-même l’insinue, lorsqu’il dit dans la huitième homélie sur la première épître, vers la fin : « Pour moi, il faudra que je rende « compte de ce gouvernement des âmes qui m’a été confié ». Il l’indique non moins clairement dans la quatrième homélie sur la seconde épître, lorsqu’il dit : « Le diable s’arme contre nous plus terriblement que contre les autres : À la guerre, en effet, c’est surtout contre le chef que l’ennemi dirige ses attaques ».
Çà et là, il frappe fortement sur les vices des habitants de Constantinople, sur leurs sortilèges, leurs amulettes et leurs pratiques divinatoires. Il proscrit les théâtres et leurs divertissements grossièrement immoraux. Il blâme les deuils exagérés. Il rapporte certaines singularités concernant le lac de Sodome, comme des faits constants et avérés. Dans la quatrième homélie sur la deuxième épître, il dit que Néron est le type de l’antéchrist, et croit trouver dans le texte de saint Paul une prédiction de la chute prochaine de l’empire romain.




HOMÉLIE PREMIÈRE.


PAUL, SYLVAIN ET TIMOTHÉE À L’ÉGLISE DE THESSALONIQUE QUI EST EN DIEU LE PÈRE ET EN JÉSUS-CHRIST NOTRE-SEIGNEUR. QUE LA GRÂCE ET LA PAIX VOUS SOIENT DONNÉES. NOUS RENDONS SANS CESSE GRÂCES À DIEU POUR VOUS TOUS, FAISANT MENTION DE VOUS DANS NOS PRIÈRES, ET NOUS REPRÉSENTANT SANS CESSE DEVANT DIEU QUI EST NOTRE PÈRE, LES ŒUVRES DE VOTRE FOI, LES TRAVAUX DE VOTRE CHARITÉ, ET LA FERMETÉ DE L’ESPÉRANCE QUE VOUS AVEZ EN NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST. (1, 1-3 JUSQU’À 7)



Analyse.

  1. Témoignage avantageux rendu par saint Paul à la foi et à la charité des Thessaloniciens.
  2. Ils ont à peine embrassé la foi, et voilà qu’ils peuvent servir de modèle à tous les chrétiens de la Macédoine et de la Grèce.
  3. Nécessité de la vigilance. – Il est très-utile que l’on prie pour nous, mais les prières d’autrui ne sont utiles qu’à ceux qui font déjà par eux-mêmes ce qu’ils peuvent.
  4. Exemples qui prouvent l’utilité des prières quand s’y joint la diligence de ceux pour qui elles sont faites.

1. Pourquoi donc, lorsque l’apôtre écrit aux Philippiens et qu’il a Timothée avec lui, ne joint-il pas le nom de ce disciple au sien propre en tête de sa lettre[1], tandis qu’il le fait ici ? Cependant Timothée était bien connu de ce peuple, et il en était admiré. « Vous avez « éprouvé vous-mêmes », leur dit saint Paul, « qu’il m’a servi comme un fils servirait son père. Je n’ai personne » ; dit-il encore, « qui soit si véritablement dans les mêmes sentiments que moi, et qui ait autant soin de tout ce qui vous regarde ». (Phi. 2,22-20) Pourquoi donc le nom de Timothée se trouve-t-il mis à côté de celui de Paul dans un cas et non dans l’autre ? Je crois que c’est parce que, lorsqu’il écrivait aux Philippiens, il était sur le point de leur envoyer bientôt Timothée. Il eût été superflu que celui-ci s’associât à l’envoi d’une lettre qu’il allait suivre de si près. Saint Paul, en effet, leur dit formellement qu’il était sur le point de leur envoyer bientôt Timothée. (Id. 23) Pour ce qui regarde les Thessaloniciens, il n’en était pas de même. Mais Timothée était depuis peu de retour de chez eux, en sorte qu’il est naturel qu’il s’associe à la lettre qu’on leur écrit :

  1. C’est une erreur : le nom de Timothée est mis à côté de celui de saint Paul dans l’épître aux Philippiens. Il ne s’y trouve pas dans l’épître aux Éphésiens, mais ce qui suit montre que ce n’est pas de ceux-ci que parle saint Chrysostome, mais bien des Philippiens. La mémoire a fait défaut à l’orateur.