Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/187

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« Timothée est revenu récemment près de nous après vous avoir vus », dit l’apôtre. (1Th. 3,6)

Mais pourquoi nomme-t-il Silvain avant Timothée, Timothée à qui il rend les témoignages les plus avantageux et qu’il préfère à tous les autres ? Peut-être est-ce Timothée lui-même qui l’a ainsi voulu par humilité. En voyant son maître pousser l’humilité jusqu’à mettre ses disciples sur le même rang que lui, Timothée devait se sentir porté à pratiquer aussi l’humilité et à se mettre après tous les autres.

« Paul, Silvain et Timothée à l’Église de Thessalonique ». Saint Paul ne prend ici aucune qualité, il se nomme tout court Paul, sans ajouter apôtre, ou serviteur de Jésus-Christ. Les Thessaloniciens étaient encore assez novices dans la foi, ils n’avaient pas encore appris à connaître saint Paul, voilà pourquoi, ce me semble, l’apôtre ne met aucun terme qui rappelle sa dignité. C’est qu’en effet la prédication ne faisait encore que débuter chez eux. – « À l’Église de Thessalonique ». Ceci n’est pas mis sans intention. Ces fidèles étaient encore en petit nombre et sans beaucoup de cohésion, et c’est pour les encourager que l’apôtre emploie ici le terme d’Église. Il ne s’en sert pas toujours en s’adressant à des communautés depuis longtemps fondées, nombreuses et fortement constituées. Le terme d’Église implique à la fois le grand nombre et l’union bien cimentée des membres ; c’est comme encouragement que l’apôtre l’applique aux Thessaloniciens. – « À l’Église de Thessalonique, qui est en Dieu le Père et en Jésus-Christ Notre-Seigneur ». Voici encore le mot « Dieu » employé également pour le « Père » et pour le « Fils ». Ces mots : « Qui est en Dieu », servent à distinguer l’Église ou assemblée des fidèles de Thessalonique d’avec les assemblées des juifs et des païens. C’est là un grand éloge, éloge incomparable que d’être en Dieu. Je voudrais pouvoir en dire autant de cette Église-ci, mais je crains fort qu’elle ne soit indigne d’une si belle appellation. On ne peut dire des esclaves du péché qu’ils sont en Dieu. – « Que la grâce et la paix vous soient données ». Vous le voyez, cette épître débute par des éloges.

« Nous rendons sans cesse grâces à Dieu pour vous tous, faisant mention de vous dans nos prières ». Rendre grâces à Dieu pour ce peuple, c’était non seulement témoigner de leur grand progrès dans la foi, mais encore leur montrer qu’ils doivent en être reconnaissants à Dieu qui a tout fait. Il leur enseigne donc l’humilité, et son langage revient à dire que la puissance divine est la source de tout bien et de toute vertu. L’action de grâces est donc un témoignage rendu à leur vertu, et la mention qu’il fait d’eux dans ses prières est une preuve de sa charité envers eux. La suite fait voir que ce n’était pas seulement dans ses prières, mais en tout temps qu’il se souvenait d’eux.

« En nous représentant sans cesse devant Dieu qui est notre Père, les œuvres de votre foi, les travaux de votre charité et la fermeté de l’espér nce que vous avez en Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Les mots « devant Dieu » peuvent aussi se rapporter aux Thessaloniciens, et alors le sens serait : Nous représentant les œuvres de votre foi, les travaux de votre charité, etc, lesquels sont devant Dieu, notre Père. Il ne se souvient pas de leur vertu seulement, mais aussi de leurs personnes, et cela « devant Dieu », mots qui sont pleins de sens. C’est comme si l’apôtre disait : Les hommes ne vous louent point de ce que vous faites, aucun ne vous en récompense, mais ayez confiance, vous travaillez en présence de Dieu. Qu’est-ce à dire : l’œuvre de votre foi ? c’est-à-dire, que rien n’a ébranlé leur fermeté ; car c’est en quoi consiste l’œuvre de la foi. Si vous avez la foi, souffrez tout ; si vous ne voulez pas tout souffrir, c’est que vous n’avez pas la foi. Est-ce que les promesses ne sont pas assez belles pour que celui qui y a foi souffre volontiers mille morts ? C’est le royaume des cieux qu’il a en perspective, avec l’immortalité et la vie éternelle. Le croyant souffrira donc tout. Or, la foi se montre par les œuvres. Rien de plus juste que les expressions de l’apôtre ; elles reviennent à ceci : Vous n’avez pas montré simplement votre foi par vos paroles, mais encore par vos œuvres, par votre fermeté, par votre zèle. – « Les travaux de votre charité ». À aimer d’une manière telle quelle, le travail est nul, mais il est grand à aimer véritablement, sincèrement. Lorsque tout est mis en œuvre pour nous détacher de la charité, et que nous résistons à tout, n’est-ce pas un travail ? Et que n’avaient-ils pas souffert, ces fidèles de Thessalonique, pour ne pas s’écarter de la charité ? Les adversaires de l’Évangile