Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/189

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magistrats, dit l’auteur, et soulevèrent toute la ville. Et l’on ne peut pas dire que s’ils ont été affligés et ont reçu la foi, ils l’aient fait avec tristesse, puisqu’il est dit au contraire qu’ils ont montré une grande joie. Il en était de même des apôtres. « Ils se réjouissaient », est-il dit « de ce qu’ils avaient été jugés dignes de souffrir pour le nom de Jésus-Christ ». (Act. 5,41) Ce qu’il y avait de merveilleux dans leur conduite, c’était principalement cette joie. Ce n’est pas déjà peu de chose que de souffrir l’affliction n’importe comment, mais la souffrir avec joie suppose des hommes élevés au-dessus de la nature humaine, et dont le corps est devenu comme impassible. Comment étaient-ils devenus les imitateurs du Seigneur ? Parce que le Seigneur avait lui-même enduré beaucoup de souffrances, et qu’il ne s’en était pas plaint, mais réjoui, puisqu’il les avait acceptées volontairement, et qu’il était venu sur la terre pour cela. En effet, il s’est anéanti lui-même pour nous, sachant qu’il aurait à souffrir les crachats, les soufflets, la croix. Et au milieu de ces souffrances, la joie qu’il éprouvait lui faisait dire : « Mon Père, glorifiez-moi ». (Jn. 17,1)

3. « Avec la joie du Saint-Esprit ». Pour qu’on n’objecte pas : Comment mêlez-vous ensemble l’affliction et la joie ? Ces choses-là ne sont-elles pas incompatibles ? l’apôtre ajoute : « Avec la joie du Saint-Esprit ». L’affliction est dans les choses du corps, la joie dans celles de l’esprit. Comment cela ? Les faits sont douloureux, mais les suites en sont tout autres, par la permission du Saint-Esprit. Ainsi, on peut souffrir sans se réjouir, comme lorsqu’on souffre pour ses péchés ; et l’on peut aussi se réjouir jusque sous les fouets, lorsqu’on souffre pour Jésus-Christ. Telle est la joie du Saint-Esprit. De ce qui semble douloureux, elle fait sortir des délices. On vous a affligés, persécutés, veut dire l’apôtre, mais l’Esprit-Saint ne vous a pas délaissés dans vos maux mêmes : et comme autrefois il versa la rosée sur les trois enfants de la fournaise, il répand de même sur volis une joie céleste au milieu de vos afflictions. Et comme alors la rosée qui rafraîchissait les trois enfants, n’était point l’effet du feu ; de même la joie que vous ressentez maintenant n’est point l’effet de vos maux. Les afflictions naturellement ne produisent point la joie ; cela est réservé aux afflictions que l’on souffre pour Jésus-Christ, et est l’effet de la rosée du Saint-Esprit, qui, par la fournaise des maux, fait passer les élus dans un repos et un rafraîchissement éternel. « Avec la joie », dit saint Paul ; et non simplement avec la joie, mais avec une grande joie ; car c’est ce que marque ce mot : « Avec la joie du Saint-Esprit ».

« De sorte que vous avez servi de modèles à tous ceux qui ont embrassé la foi dans la Macédoine et dans l’Achaïe ». Cependant ils avaient été les derniers visités par l’apôtre. Mais vous avez brillé, leur dit-il, jusqu’à devenir les modèles de ceux qui vous ont précédés. C’était là une vertu vraiment apostolique. L’apôtre ne dit pas simplement qu’ils ont servi de modèles à ceux qui n’ont pas encore embrassé la foi, mais à ceux mêmes qui l’ont déjà embrassée. Vous leur avez appris de quelle manière il faut croire en Dieu, vous qui, à peine entrés dans la foi, avez commencé à combattre pour elle. – « Dans l’Achaïe », c’est-à-dire dans la Grèce. Que ne fait point le zèle ? Il ne lui faut ni temps, ni délai, ni retard. Il lui suffit de se montrer, et tout est fait. Ainsi les Thessaloniciens, les derniers venus dans la foi, se montraient les maîtres des premiers venus. Que personne donc ne se décourage : quand même on aurait passé une bonne partie de sa vie sans rien faire, on pourrait encore, en très-peu de temps, faire plus qu’on n’aurait peut-être fait en s’y prenant dès le commencement. Si celui qui n’était pas encore chrétien, jette tout en le devenant un si vif éclat, que ne pourra pas faite celui qui a déjà la foi ?

Mais, d’un autre côté, qu’on n’aille pas tomber dans la paresse sous prétexte qu’on pourra tout réparer en peu de temps. Car l’avenir est incertain et le jour du Seigneur est un voleur qui survient tout à coup pendant que nous dormons. Si nous ne dormons point, il ne viendra pas nous surprendre comme un voleur, il ne nous emmènera point sans que nous soyons prêts. Si nous veillons, il viendra comme un envoyé du Roi du ciel nous appeler au bonheur qui nous est préparé. Mais si nous nous endormons, il se présentera comme un voleur. Que personne donc ne s’endorme, que personne ne soit lâche dans la pratique de la vertu, car voilà le sommeil. Ne savez-vous pas que, lorsque nous dormons, nos biens sont peu en sûreté, et qu’il est facile de nous les prendre ? Veillons-nous, la garde en est facile. Dormons-nous, malgré tous nos soins, nous perdons souvent ce que nous avons. Portes,