Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/188

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n’allèrent-ils pas trouver l’hôte de Paul, et, ne l’ayant pas trouvé, n’entraînèrent-ils pas Jason, devant les magistrats ? Était-ce peu de chose, dites-moi, pour ces chrétiens, dont la foi ne faisait encore que de naître et n’avait pas acquis toute sa solidité, d’avoir à supporter un tel orage, de telles épreuves ? « Ils exigèrent de lui une caution », dit le livre des Actes (XVII), et l’ayant obtenue, ils laissèrent aller Paul. Était-ce donc peu de chose que cela ? Est-ce que Jason ne s’exposait pas à mourir à la place de Paul ? C’est cet attachement à toute épreuve que l’apôtre appelle « le travail, de leur charité ».

2. Remarquez que l’apôtre ne parle de lui-même qu’après avoir fait l’éloge des Thessaloniciens, en sorte qu’il ne paraît ni se vanter, ni les aimer sans raison et comme par anticipation. – « Et votre fermeté ». La persécution, en effet, n’avait pas duré qu’un instant, elle n’avait pas cessé. Les disciples y étaient en butte aussi bien que leur maître. Comment ceux qui persécutaient des hommes tels que les apôtres, des hommes qui opéraient des miracles et se montraient de toute manière si respectables, comment ceux-là auraient-ils épargné des gens de la même ville et de la même maison qu’eux qui, tout à coup, passaient dans le camp de Jésus-Christ ? C’est à la fermeté de ces fidèles que l’apôtre rend témoignage en disant : « Vous avez été les imitateurs des Églises de Dieu qui sont en Judée ». (1Th. 2,14)

« Et l’espérance que vous avez en Jésus-Christ, devant Dieu notre Père ». Rien de plus juste que ces expressions, car la foi et l’espérance sont le principe de tout ce qu’ils ont fait. Leur conduite ne prouvait pas seulement qu’ils avaient du courage, mais encore qu’ils ajoutaient une foi pleine et entière aux récompenses, qui leur étaient réservées. Dieu permettait qu’il y eût des persécutions dès le commencement, afin que personne ne vînt dire que la prédication évangélique avait réussi d’une manière toute simple par l’intrigue et la flatterie ; il le permettait encore pour faire paraître l’ardeur des fidèles, pour montrer qu’une foi assez ferme pour affronter mille morts n’était pas l’œuvre d’une persuasion humaine, mais de la toute-puissante vertu de Dieu. Il fallait pour cela que, dès le commencement, la prédication fût profondément enracinée et assez solidement plantée pour ne craindre aucun orage.

« Sachant, mes frères bien-aimés, que votre action est de Dieu, parce que l’Évangile que nous vous avons prêché, ne vous a pas été seulement présenté en paroles, mais encore dans la vertu de Dieu, dans l’Esprit-Saint, et dans une certitude abondante. Vous savez aussi de quelle manière nous avons agi parmi vous pour votre salut ». Que veut-il dire par ces mots : « Vous savez aussi de quelle manière nous avons agi parmi vous pour votre salut ? » L’apôtre effleure ici son propre éloge, mais très-légèrement. Il veut d’abord épuiser l’éloge des Thessaloniciens. Voici le sens de ses paroles : Nous savions que vous étiez des hommes généreux et magnanimes, des hommes choisis, c’est pourquoi nous avons aussi tout enduré pour vous. En effet, dire : « Vous savez de quelle manière nous avons agi », c’était leur rappeler qu’on aurait de grand cœur donné sa vie pour eux ; dévouement dont l’apôtre attribue le mérite non à lui, mais à eux, parce qu’ils étaient des hommes élus de Dieu. C’est la même pensée qu’il exprime encore ailleurs en ces termes : « Je souffre tous ces maux pour les élus ». (2Ti. 2,10) Que ne souffrirait-on pas pour les bien-aimés de Dieu ? À peine a-t-il parlé de lui-même qu’il se hâte d’ajouter presque en propres termes : Puisque vous êtes les bien-aimés et les élus de Dieu, il était naturel que je souffrisse tout pour vous. Ce n’était pas tout de les louer pour les fortifier, il était bon encore de leur rappeler dans le même but qu’ils avaient eux-mêmes montré un courage égal au zèle qu’on leur avait témoigné.

Il ajoute donc : « Et vous êtes devenus nos imitateurs et les imitateurs du Seigneur, ayant reçu la parole au milieu d’une grande tribulation, avec la joie du Saint-Esprit ». Quel éloge ! Les disciples, en un moment, sont devenus des docteurs. Non seulement ils ont écouté la prédication, mais encore ils ont atteint jusqu’au faîte où était saint Paul. Mais cela n’est rien en comparaison de ce qui suit, voyez jusqu’où il les exalte en disant : « Vous êtes devenus les imitateurs du Seigneur ». De quelle manière ? « En recevant la parole au milieu d’une grande tribulation, avec la joie du Saint-Esprit ». Non seulement au milieu de la tribulation, mais au milieu « d’une grande tribulation ». On peut voir, par les Actes des apôtres, quelle persécution l’on suscita contre eux. (Act. 17) Ils émurent tous les