Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/193

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notre arrivée parmi vous ». Ceux qui ont été témoins de vos vertus n’ont rien à en apprendre aux autres qui les préviennent, informés de tout avant d’avoir rien vu ; tant la renommée a été prompte et exacte à les instruire. Nous n’avons donc pas besoin de leur raconter les merveilles de votre piété, quand nous voulons les porter à vous imiter, puisqu’on nous prévient partout, et que l’on commence par nous dire ce qu’on aurait dû apprendre de nous. L’envie que font naître vos vertus ne peut tenir contre leur éclat, et tous sont contraints de se faire les hérauts de vos glorieux combats. Leur infériorité en face de vous ne les rend pas muets sur votre compte, et ils sont les premiers à vous louer. Secondée par des dispositions si favorables, notre parole ne saurait rencontrer nulle part l’incrédulité ni la défiance.

« Tout le monde nous raconte quelle a été notre arrivée parmi vous ». Qu’est-ce à dire ? Qu’elle a été pleine de périls, exposée à mille morts sans que rien ait pu vous troubler ; que vous nous êtes demeurés attachés comme s’il n’y avait eu aucun danger à craindre ; que vous nous avez accueillis une seconde fois malgré les tribulations, comme vous auriez pu faire si, au lieu de la persécution, nous vous avions apporté tous les biens. Saint Paul, accompagné de Silas, avait quitté Thessalonique pour aller à Bérée. Pendant son absence les fidèles furent persécutés. À son retour il fut reçu avec amour et avec beaucoup d’honneurs par les fidèles qui exposèrent ainsi leur vie pour lui. C’est de cette seconde arrivée surtout qu’il veut parler. Ce mot donc : « Quelle a été notre arrivée parmi vous », présente un sens complexe. Il renferme l’éloge de saint Paul et de Silas non moins que celui des Thessaloniciens, quoique l’apôtre leur attribue tout l’honneur. – « Et comment vous vous êtes convertis à Dieu après avoir quitté les idoles, pour servir le Dieu vivant et véritable ». C’est-à-dire, combien votre conversion a été facile, comme vous avez vite embrassé son culte avec entrain, comme il a fallu peu d’efforts pour vous amener à servir le Dieu vivant et véritable.

Puis, prenant un ton moins grave, celui d’un homme qui exhorte, il ajoute : « Pour attendre du ciel son Fils, qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus qui nous a délivrés de la colère à venir ». Pour attendre du ciel, dit saint Paul, celui qui a été crucifié et enseveli, c’est ce qu’il fait entendre en ajoutant « Qu’il a ressuscité des morts ». On voit ensemble, dans ce verset, la résurrection, l’ascension, le second avènement de Jésus-Christ, le jugement, la récompense des bons et le supplice des méchants. – « Jésus qui nous a délivrés de la colère à venir ». C’est là une consolation, un encouragement et une exhortation. Car, si Dieu a ressuscité son Fils d’entre les morts, s’il est dans le ciel, s’il en doit revenir, et cela, vous le croyez, car autrement vous n’auriez pas souffert ce que vous avez souffert, n’est-ce pas là une grande consolation pour vous ? Que si vos persécuteurs doivent infailliblement subir un jour leur peine, et vous, recevoir votre récompense, ce que l’apôtre affirme dans sa seconde épître (2Thes. 1,9), c’est encore une autre consolation que vous aurez, et une grande. En disant d’attendre du ciel le Fils de Dieu, Jésus-Christ, l’apôtre nous apprend que les maux sont pour nous dans le temps présent et les biens dans l’avenir, lorsque le Christ viendra du ciel. Voyez combien l’espérance nous est nécessaire, puisque le Christ crucifié est ressuscité, est monté aux cieux et doit venir juger les vivants et les morts.

2. « Car vous savez vous-mêmes, mes frères, que notre arrivée chez vous n’a pas été sans fruit ; mais après avoir beaucoup souffert auparavant, comme vous savez, et avoir été traités avec outrage dans Philippes, nous ne laissâmes pas d’avoir assez confiance en notre Dieu pour vous prêcher hardiment l’Évangile de Dieu parmi beaucoup de combats ». (II, 4) Il est vrai que votre conduite a été généreuse, mais la nôtre aussi n’a point été humaine. C’est la même pensée exprimée déjà plus haut, savoir que le mérite de la prédication se montre de la part des prédicateurs par les signes miraculeux et le dévouement, et de la part des disciples par la ferveur et le zèle. Vous savez vous-mêmes que notre arrivée parmi vous n’a point été sans fruit, c’est-à-dire n’a point été humaine ni ordinaire. À peine délivrés des dangers de mort et des mauvais traitements, nous retombâmes dans de nouveaux périls. « Mais après avoir beaucoup souffert auparavant, et avoir été outragés, comme vous savez, dans Philippes ; nous avons montré notre confiance en notre Dieu ». Voyez comme de nouveau il rapporte