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HOMÉLIE III.


CAR VOUS N’AVEZ PAS OUBLIÉ, MES FRÈRES, NOTRE PEINE ET NOTRE FATIGUE ; NUIT ET JOUR TRAVAILLANT DE MANIÈRE À N’ÊTRE À CHARGE À AUCUN DE VOUS, NOUS AVONS PRÊCHÉ L’ÉVANGILE DE DIEU. VOUS ÊTES TÉMOINS VOUS-MÊMES, ET DIEU AVEC VOUS, DE CE QU’IL Y À EU DE SAINT, DE JUSTE ET D’IRRÉPROCHABLE DANS NOTRE CONDUITE ENVERS VOUS, QUI AVEZ EMBRASSÉ LA FOI. VOUS SAVEZ QUE NOUS AVONS AGI ENVERS CHACUN DE VOUS, COMME UN PÈRE ENVERS SES ENFANTS, VOUS EXHORTANT, VOUS CONSOLANT, VOUS CONJURANT DE MARCHER D’UNE MANIÈRE DIGNE DE DIEU, QUI VOUS À APPELÉS AU PARTAGE DE SA ROYAUTÉ ET DE SA GLOIRE. (CHAP. 2,9-12 JUSQU’À III, 4)


Analyse.

1-3. Devoirs du maître envers ses disciples. — Saint Paul travaillant, de ses mains, de manière à n’être à charge à personne. — De la manière dont les apôtres parlaient aux fidèles. — Éloge de la fermeté, de la constance des fidèles de Thessalonique. — Saint Paul ne se lasse pas de prendre dans l’histoire du Christ toutes les raisons qui doivent retremper le courage en face des périls. — Invectives contre les Juifs déicides, et poursuivant les chrétiens de leur haine. — Affection de saint Paul pour les fidèles. — Grandeur de l’Église plantée, cultivée par lui. — Pourquoi saint Paul envoie Timothée à Thessalonique.

4-6. Les persécutions ne doivent pas être, pour la foi, un sujet de trouble. — Le chrétien est destiné à souffrir. — Souffrir, voilà le seul mérite, le seul titre de gloire du chrétien. — L’amour du plaisir, cause de la perte de l’homme et de tous ses malheurs. — Nos passions plus cruelles pour nous que tous les bourreaux. — Contre la vaine gloire, l’amour des richesses, la superstition qui consulte les devins. — Consentir aux pertes d’argent, c’est s’enrichir. — Bénir Dieu dans l’adversité. — Imiter Job. — Être pauvre, et pouvoir donner quelque chose au plus puissant des rois, à Dieu même, quelle richesse !

1. Le maître ne doit reculer devant aucune fatigue pour le salut de ses disciples. Car si le bienheureux Jacob travaillait nuit et jour pour garder ses brebis, à bien plus forte raison, celui qui a charge d’âmes, doit-il tout faire, quelque pénible, quelque modeste que soit sa tâche, en vue de son unique but, qui est le salut de ses disciples, et la gloire qui en revient à Dieu. Voyez donc le travail qu’acceptait Paul, ce héraut de Jésus-Christ, cet apôtre de la terre élevé à une dignité si haute ; il travaillait de ses mains pour ne pas être à charge aux disciples ; car « vous n’avez pas oublié », dit-il, « mes frères, notre peine et notre fatigue ». Il avait dit auparavant : « Nous aurions pu vous être à charge, comme apôtres du Christ » ; c’est ce qu’il dit encore dans l’épître aux Corinthiens : « Ne savez-vous pas que les ministres des sacrifices mangent de ce qui est offert pour les sacrifices ? » (1Co. 9,13) Le Christ a établi que ceux qui annoncent l’Évangile, vivent de l’Évangile. Mais moi, dit-il, je n’ai pas voulu ; j’ai préféré la fatigue. Et ce n’est pas assez dire qu’il travaillait, mais c’était avec un zèle ardent. Voyez ce qu’il dit : « Car vous n’avez pas oublié », il ne dit pas mes bienfaits, mais, « notre peine et notre fatigue ; nuit et jour travaillant de manière à n’être à charge à aucun de vous, nous avons prêché l’Évangile de Dieu ». Aux Corinthiens, il adresse d’autres paroles : « J’ai dépouillé les autres églises, en recevant d’elles l’assistance dont j’avais besoin pour vous servir ». (2Co. 11,8) Il est bien entendu qu’en d’autres lieux aussi il travaillait ; mais il ne parlait pas de ce travail aux Corinthiens ; il prenait une expression plus piquante, comme s’il disait : Ce sont les autres qui m’ont nourri, quand c’était vous que je servais.

Ici, il ne parle pas de la même manière ; mais que dit-il ? « Nuit et jour travaillant ». Aux Corinthiens, il dit : « Et lorsque je demeurais parmi vous, et que j’étais dans la nécessité, je n’ai été à charge à personne » (Ibid, 9). « Et j’ai reçu l’assistance dont j’avais besoin pour vous servir » : ici au contraire, il montre que les fidèles sont pauvres ; dans l’épître aux Corinthiens, il n’en est pas de même. Voilà pourquoi il invoque toujours le témoignage de ceux de Thessalonique « Vous êtes témoins, vous-mêmes », dit-il, « et Dieu avec vous ». La confiance avec laquelle il s’appuie sur le témoignage de Dieu, voilà de quoi les persuader ; les autres assertions laissaient dans l’incertitude ceux qui ignoraient les faits. Ne réclamez pas, ne dites pas : C’était Paul qui parlait ; Paul s’arme d’un témoignage de beaucoup supérieur au sien, pour les persuader. De là ce qu’il dit : « Vous êtes témoins,