HOMÉLIE III.
1-3. Devoirs du maître envers ses disciples. — Saint Paul travaillant, de ses mains, de manière à n’être à charge à personne. — De la manière dont les apôtres parlaient aux fidèles. — Éloge de la fermeté, de la constance des fidèles de Thessalonique. — Saint Paul ne se lasse pas de prendre dans l’histoire du Christ toutes les raisons qui doivent retremper le courage en face des périls. — Invectives contre les Juifs déicides, et poursuivant les chrétiens de leur haine. — Affection de saint Paul pour les fidèles. — Grandeur de l’Église plantée, cultivée par lui. — Pourquoi saint Paul envoie Timothée à Thessalonique.
4-6. Les persécutions ne doivent pas être, pour la foi, un sujet de trouble. — Le chrétien est destiné à souffrir. — Souffrir, voilà le seul mérite, le seul titre de gloire du chrétien. — L’amour du plaisir, cause de la perte de l’homme et de tous ses malheurs. — Nos passions plus cruelles pour nous que tous les bourreaux. — Contre la vaine gloire, l’amour des richesses, la superstition qui consulte les devins. — Consentir aux pertes d’argent, c’est s’enrichir. — Bénir Dieu dans l’adversité. — Imiter Job. — Être pauvre, et pouvoir donner quelque chose au plus puissant des rois, à Dieu même, quelle richesse !
1. Le maître ne doit reculer devant aucune fatigue pour le salut de ses disciples. Car si le bienheureux Jacob travaillait nuit et jour pour garder ses brebis, à bien plus forte raison, celui qui a charge d’âmes, doit-il tout faire, quelque pénible, quelque modeste que soit sa tâche, en vue de son unique but, qui est le salut de ses disciples, et la gloire qui en revient à Dieu. Voyez donc le travail qu’acceptait Paul, ce héraut de Jésus-Christ, cet apôtre de la terre élevé à une dignité si haute ; il travaillait de ses mains pour ne pas être à charge aux disciples ; car « vous n’avez pas oublié », dit-il, « mes frères, notre peine et notre fatigue ». Il avait dit auparavant : « Nous aurions pu vous être à charge, comme apôtres du Christ » ; c’est ce qu’il dit encore dans l’épître aux Corinthiens : « Ne savez-vous pas que les ministres des sacrifices mangent de ce qui est offert pour les sacrifices ? » (1Co. 9,13) Le Christ a établi que ceux qui annoncent l’Évangile, vivent de l’Évangile. Mais moi, dit-il, je n’ai pas voulu ; j’ai préféré la fatigue. Et ce n’est pas assez dire qu’il travaillait, mais c’était avec un zèle ardent. Voyez ce qu’il dit : « Car vous n’avez pas oublié », il ne dit pas mes bienfaits, mais, « notre peine et notre fatigue ; nuit et jour travaillant de manière à n’être à charge à aucun de vous, nous avons prêché l’Évangile de Dieu ». Aux Corinthiens, il adresse d’autres paroles : « J’ai dépouillé les autres églises, en recevant d’elles l’assistance dont j’avais besoin pour vous servir ». (2Co. 11,8) Il est bien entendu qu’en d’autres lieux aussi il travaillait ; mais il ne parlait pas de ce travail aux Corinthiens ; il prenait une expression plus piquante, comme s’il disait : Ce sont les autres qui m’ont nourri, quand c’était vous que je servais.
Ici, il ne parle pas de la même manière ; mais que dit-il ? « Nuit et jour travaillant ». Aux Corinthiens, il dit : « Et lorsque je demeurais parmi vous, et que j’étais dans la nécessité, je n’ai été à charge à personne » (Ibid, 9). « Et j’ai reçu l’assistance dont j’avais besoin pour vous servir » : ici au contraire, il montre que les fidèles sont pauvres ; dans l’épître aux Corinthiens, il n’en est pas de même. Voilà pourquoi il invoque toujours le témoignage de ceux de Thessalonique « Vous êtes témoins, vous-mêmes », dit-il, « et Dieu avec vous ». La confiance avec laquelle il s’appuie sur le témoignage de Dieu, voilà de quoi les persuader ; les autres assertions laissaient dans l’incertitude ceux qui ignoraient les faits. Ne réclamez pas, ne dites pas : C’était Paul qui parlait ; Paul s’arme d’un témoignage de beaucoup supérieur au sien, pour les persuader. De là ce qu’il dit : « Vous êtes témoins,