Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/223

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traînent pas sur la terre, ils volent dans le ciel ; ils n’ont pas des esclaves précédant leur marche, ce sont les anges (lui vont devant eux ; ils n’escortent pas un roi mortel, mais le Roi qui possède en propre l’immortalité, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs ; ils n’entourent pas leurs reins d’une ceinture vulgaire, mais d’une gloire ineffable ; et ils éclipsent les rois et tous ceux qu’on honore et qu’on estime ; car, dans cette résidence royale, on ne recherche ni trésors, ni noblesse, ni rien de pareil ; on ne recherche que la vertu ; et, avec elle, rien ne manque et l’on est au premier rang.

Rien ne nous est difficile, si nous voulons être sages. Lève les yeux au ciel, et vois de combien ces hauteurs dominent le faîte des rois. Si, de ces rois supérieurs, les parvis sont tellement magnifiques, que les palais des rois de la terre ne sont plus que de la boue ; si l’un de nous peut mériter de voir de près, dans toutes ses parties, cette sublime demeure, quelle ne sera pas sa félicité ? « La veuve qui est vraiment veuve et abandonnée », dit l’apôtre, « espère en Dieu ». (1Tim. 5,5) À qui adressé-je ces paroles ? Aux veuves qui ont des enfants, parce qu’elles sont de beaucoup plus considérables aux yeux de Dieu ; parce qu’elles ont une plus grande occasion de plaire à Dieu ; parce que tous leurs liens sont brisés ; parce qu’elles n’ont plus rien qui les retienne ; parce qu’elles n’ont plus de chaînes à traîner. Tu es séparée de ton mari, mais tu es unie à Dieu ; tu n’as plus de compagnon d’esclavage partageant son existence avec toi, partage ton existence avec le Seigneur. Lorsque tu pries, n’est-ce pas avec Dieu que tu t’entretiens ? réponds-moi. Lorsque tu fais la lecture, écoute sa voix qui te parle ; que te dit-il ? Des paroles bien plus désirables que les paroles d’un époux. Un époux, même quand il vous flatte, ne vous fait pas grand honneur ; ce n’est qu’un compagnon d’esclavage ; mais quand le Seigneur flatte sa servante, c’est alors que l’affection bienveillante est précieuse. Comment le Seigneur nous témoigne-t-il sa bonté ? Écoutez ses paroles : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et qui êtes chargés, et je vous soulagerai » ; et encore, il nous crie par le Prophète : « Une mère peut-elle oublier son enfant, et n’avoir point compassion du fils qu’elle a porté dans ses entrailles ; mais, quand même elle l’oublierait, pour moi, je ne vous oublierai jamais ». (Is. 49,15) Quelles paroles d’amour ! Et ailleurs : « Tournez-vous vers moi » ; et dans un autre passage encore : « Tourne-toi vers moi, et tu seras sauvé ». (Is. 4,5, 22 ; 44, 22) Si l’on veut recueillir, dans le Cantique des cantiques, d’autres expressions plus mystiques : « Ma colombe, mon unique beauté ». (Cant. 2,10) Voilà ce que dit le Seigneur à l’âme qu’il chérit. Quoi de plus doux que ces paroles ? Voyez-vous l’entretien de Dieu avec l’homme ?

Eh quoi ? dites-moi ; ne voyez-vous pas combien de fils de ces femmes bienheureuses, sont partis, sont couchés dans les tombeaux ; combien de femmes ont souffert des douleurs plus cruelles, perdant leur mari, avant de perdre leurs enfants ? Élevons nos âmes, appliquons-les aux divines promesses, méditons-les, et aucun chagrin ne nous accablera, et nous passerons notre vie entière dans la joie spirituelle, et nous jouirons des biens de l’éternité. Puissions-nous tous les obtenir par la grâce et par la bonté, etc.

HOMÉLIE VII.


JE NE VEUX PAS QUE VOUS IGNORIEZ, MES FRÈRES, CE QUE VOUS DEVEZ SAVOIR TOUCHANT CEUX QUI DORMENT DU SOMMEIL DE LA MORT, AFIN QUE VOUS NE VOUS ATTRISTIEZ PAS, COMME FONT LES AUTRES HOMMES, QUI N’ONT PAS L’ESPÉRANCE. (IV, 12 ET 13)


Analyse.

  1. Sur le dogme de la résurrection. – Le Christ a réellement revêtu notre chair ; autrement la résurrection n’a pas de sens. – Il faut distinguer la résurrection universelle, et la résurrection individuelle et particulière.